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L’ENCYCLOPÉDIE


I. Les Encyclopédistes, par M. Louis Ducros, 1 vol. in-8o. Paris, 1901, Champion. — II. Mes Souvenirs, par Jacob-Nicolas Moreau, première et seconde partie, 2 vol. in-8o. Paris, 1900-1901, Plon.


M. Ducros a consacré aux Encyclopédistes un livre diligent, consciencieux, et qu’on ne peut lire ni sans intérêt ni sans avantage. Ce livre était à faire et, ce qui est beaucoup plus rare, on peut dire qu’il est fait et que l’essentiel, au moins, de l’œuvre centrale du XVIIIe siècle est dit désormais et peut se trouver quelque part en une forme accessible, claire et même agréable. C’est un grand service que M. Ducros a rendu là au public.

L’Encyclopédie, en effet, est beaucoup plus célèbre que connue. On se croit quitte envers elle en la regardant avec respect ou en la feuilletant avec circonspection, ou, et plus souvent, on croit la connaître suffisamment pour avoir lu le Dictionnaire philosophique de Voltaire dont un certain nombre d’articles avaient paru dans le célèbre recueil, et les Elémens de littérature de Marmontel dont le sort avait été à peu près le même. Ce n’est pas assez faire. Il faut lire l’Encyclopédie et d’assez près, comme les ouvrages mal faits, qui ne donnent ce qu’ils ont de meilleur ou d’essentiel qu’à l’endroit juste où on ne l’attendait point. Il faut la lire avec une critique particulière aussi, comme un ouvrage qui dissimule avec soin sa pensée principale et sa pensée vraie à l’endroit où on la cherche et qui la laisse ou surprendre ou entrevoir dans une digression, dans une incise, dans une parenthèse ou à contre-fil du sujet traité ; et c’est ainsi que