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précautions extraordinaires qui avaient été prises pour le retour de Naples à Rome, Sa Sainteté dit à un cardinal qui se trouvait chez elle : « Mais pourquoi ne penser jamais qu’à des mesures de police, qui peuvent être nécessaires, mais qui n’empêchent pas les attentats, au lieu de revenir aux seuls principes qui puissent les prévenir ? » L’idée de l’Encyclique était dans ces mots, et, le lendemain, le Pape commença à s’en occuper.

La publication de l’Encyclique produisit uni ; très grande impression en Italie. Il n’y avait pas lieu de s’en étonner, en présence de la grandeur des questions qui y étaient abordées et des jugemens doctrinaux qu’elle renfermait ; mais on pouvait croire qu’en dehors des catholiques convaincus, elle ne rencontrerait pas une approbation complète. Il n’en fut rien ; et des journaux libéraux comme la Perseveranza de Milan, le Risorgimento de Turin, la Nazione et l’Opinione de Florence, lui donnèrent une adhésion plus ou moins formelle. L’Italie elle-même, malgré des réserves explicites, ne marchanda pas ses éloges au document émané du Vatican. Les causes de ce succès étaient multiples et il est intéressant de les rappeler.

Une des plus évidentes était que, depuis l’attentat, tous les esprits modérés du royaume comprenaient le danger que créait à leur pays l’existence d’une secte qui se manifestait par de pareils crimes et pouvait compromettre la nationalité italienne elle-même, en détruisant la souveraineté qui l’a fondée. La théorie de la soumission aux princes et aux lois ne pouvait donc déplaire aux hommes sages, en majorité dans le pays, et c’est à ce titre qu’ils donnèrent à l’Encyclique, comme l’avait fait entre autres la Nazione, une approbation sans réserve.

D’autres, comparant le ton modéré de l’Encyclique du nouveau Pape, avec les documens émanés du Vatican sous le dernier pontificat, en avaient trouvé ; la forme ; plus douce, si le fond demeurait à peu près le même. Ils s’en contentèrent, n’y voyant aucune revendication expresse en faveur du pouvoir temporel.

« Une autre fraction du parti libéral, écrivais-je dans ma dépêche du 19 janvier, qui tend à prendre en Italie une importance assez grande depuis quelque temps, est celle à la tête de laquelle se sont placés les comtes Selopis et di Masino. Hommes modérés et catholiques sincères, ils parlent du principe des faits accomplis dans l’ordre politique, pour soutenir à peu près