Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 1.djvu/853

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs parens pour garder des marmots presque aussi grands qu’elles, font des courses énormes avec de lourds paquets et, jusqu’à une heure avancée de la nuit, fabriquent des boîtes d’allumettes.

Les dames anglaises demandent que les lois rotatives au travail des enfans soient affichées dans tous les ateliers, que les menus trafics de la rue soient prohibés et que l’école ait le droit, après remontrance aux parens et aux patrons, d’avertir les magistrats de toute infraction à ce règlement.

Il y va de la morale publique : 70 pour 100 parmi les jeunes détenus de la prison de PLatzensere, près de Berlin, vendaient dans la rue dès leur bas âge. Le conseil national des dames allemandes a mis au jour certains faits qui menacent la génération à venir d’un inévitable abaissement si l’on n’y remédie. Et le remède serait d’aller à l’école jusqu’à seize ans, afin d’y acquérir une solide instruction technique, tout en apprenant un métier. De grand progrès ont été accomplis depuis peu, mais la cupidité des parens trouve moyen de tourner ou d’esquiver la loi ; il y a en Allemagne 25 pour 100 environ d’enfans qui travaillent hors de la fabrique, où ils ne peuvent entrer qu’à quatorze ans.

La Suisse elle-même, qui marche en avant sous ce rapport comme sous beaucoup d’autres, a lieu de constater que la vigilance de ses inspecteurs est souvent déjouée.


Une séance spéciale est consacrée par le Congrès au service domestique, lequel dans tous les temps a employé plus de femmes qu’aucun autre métier. Les conditions de la vie moderne y font surgir des difficultés toujours croissantes. D’un bout du monde à l’autre, la même clameur retentit : — Il n’y a plus assez de domestiques ! Les domestiques ne valent rien ! — Et c’est le signe évident d’une transformation prochaine dans l’organisation de nos intérieurs.

1° Il n’y a plus assez de domestiques parce que le genre de service qu’on réclame d’eux n’a pas suivi l’évolution industrielle et qu’il conserve un caractère féodal, antipathique aux démocraties. La servante vit dans un milieu qui n’est pas le sien et où elle a moins de liberté qu’ailleurs, ne pouvant jamais disposer de son temps ; de plus, la domesticité est considérée, dans la classe où elle se recrute, comme un état inférieur. C’est un peu la faute des maîtresses. Sans doute la cuisinière, la femme de chambre,