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UN CONFLIT DE RACES
AMÉRICAINS ET PHILIPPINS

« Les États-Unis ne réussiront à gouverner les Philippines que s’ils pénètrent le caractère et les conditions de la population et s’ils réalisent avec sympathie ses aspirations et son idéal. Pour durer, un gouvernement doit prendre ses racines dans tes besoins, les intérêts, l’intelligence et l’affection du peuple ; il n’y parvient que s’il sait s’adapter au caractère et aux moyens des gouvernés, s’il discerne ce qu’ils sont, ce que leur nature propre leur permet de devenir, ce qu’ils réclament, et tout autant, ce qu’ils se croient en droit de posséder. »

Ces lignes, inspirées par une profonde psychologie politique, devraient servir d’épigraphe au remarquable rapport que la Commission d’enquête des Philippines a adressé à M. Mac-Kinley[1], au lieu d’y être perdues dans un chapitre quelconque. Très surpris que les habitans de l’Archipel ne se fussent pas empressés à déposer les armes sitôt après la conclusion du traité de Paris, très contrarié, surtout d’être obligé d’entretenir une nombreuse armée de terre et de mer pour essayer de leur faire accepter la domination américaine, le Président des États-Unis avait décidé de confier à trois civils et à deux militaires éminens le soin de le renseigner et de le conseiller. Les commissaires sont venus aux Philippines, ils ont vu, ils n’ont pas vaincu. Leur témoignage et leurs conclusions sont du moins

  1. Janvier 1900. Washington, imprimerie du gouvernement, 2 vol. in-8o.