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doublé ; de 1889 à 1898, elle a augmenté d’un tiers, pour les bonnes espèces.

Les sociétés commerciales et les gouvernemens eux-mêmes, particulièrement intéressés aux communications télégraphiques, n’ont cessé, en ces dernières années, de donner leur attention aux problèmes que pose cette nécessité de nouvelles sources de gutta-percha. De là des missions scientifiques qui ont beaucoup contribué à faire connaître toutes les particularités relatives à la production et aux propriétés de ces substances.


L’arbre qui a fourni la première gutta introduite en Europe, l’Isonandra gutta, est devenu un mythe. En quelques années, les indigènes avaient abattu toutes les plantations autour de Singapour. Il y a peu de ces guttiers qui aient échappé à leur cupidité imprévoyante. M. Serullas, en 1887, en a retrouvé un îlot oublié, dans les ravins de Bukit-Timah, dont on peut dire qu’ils avaient été protégés par la terreur qu’inspirent les tigres, abondans dans cette région. D’autres exemplaires se rencontrent encore, comme curiosités botaniques, dans quelques jardins coloniaux. Ils fournissent des boutures et des graines pour les essais de repeuplement qui sont tentés dans quelques exploitations des Indes néerlandaises.

La gutta commerciale dont il est fait une si grande consommation, dans le monde entier, ne vient donc pas de celle espèce décimée. Elle provient d’espèces voisines, les Palaquium et les Payena. Il semble que cinq ou six espèces de Palaquium fournissent un produit utilisable, parmi lesquelles le P. oblongifolium en donne un excellent. Le nombre des Payena exploitables est moindre encore. Si l’on ajoute un ou deux Bassia, on a épuisé la liste des plantes à gutta.

On voit combien restreint est le nombre des producteurs de gutta. Leur aire géographique n’est pas moins limitée. Ils appartiennent tous à l’archipel Malais, mais non pas même à tout cet archipel. Ils couvrent surtout les régions orientales ou nord-orientales des îles de la Sonde et de la presqu’île de Malacca.

En tous cas, on ne les rencontre pas en dehors de ces régions. Il est bien remarquable qu’ils fassent défaut aux Célèbes, ou aux Philippines, si voisines, à tant d’égards, des îles Malaises.

A plus forte raison, les recherches que les ministères des Colonies et des Postes et Télégraphes ont fait exécuter dans nos