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qui administrent ce grand département. Pour être complet, il conviendrait évidemment de mentionner la quote-part qui lui appartient dans les administrations plus générales, soit qu’elles résident à Paris, soit qu’elles résident à Amiens, Lille, Compiègne, Reims et dont relèvent les administrés de l’Aisne. Mais l’énumération qui vient d’être donnée n’en permet pas moins de se rendre compte, avec une approximation suffisante, des conditions dans lesquelles une population de 541 000 habitans, divisée en huit cent quarante communes, est gouvernée, administrée, instruite, moralisée, desservie par tous les agens qui dépendent soit de l’Etat, soit du département.


On s’imagine à quel point la résidence ou l’affluence de ces personnages, petits et grands, emplit de satisfaction la vieille cité. Elle est comme pendue à la circulation, par ses rues à demi-désertes, de toutes ces redingotes noires. Celles-ci attirent tout un public de contribuables, justiciables, cliens, demandeurs, quémandeurs, gens affairés de toute origine et de tout poil qui accourent sans cesse des quatre coins du département, et qui, en venant faire leurs affaires à la ville, font les affaires de celle-ci. Les sessions du jury, siégeant en cour d’assises, la présence des notaires, avoués, huissiers, commissaires-priseurs, amènent aussi leur contingent régulier qui se succède dans les hôtels, donne aux rues quelque animation et quelque commerce aux boutiques. Il en est de même de tout le mouvement politique : réunions publiques, réunions de comités, conférences publiques ou privées, préparation des périodes électorales, assemblées d’actionnaires des journaux, tenues des loges maçonniques, autant d’occasions de déplacement et de rassemblement dont bénéficie le chef-lieu.

C’est de tout ce va-et-vient, de cette mise en œuvre politique et administrative que vit surtout le « commerce » de la ville. Il s’alimente aussi par le concours des foules rurales qui grimpent la colline, pour les trois foires traditionnelles de lundi après le 1er janvier, le deuxième lundi après la Fête-Dieu et le 10 août), qui viennent encore, chaque mois, pour les marchés francs de deuxième mercredi du mois) et pour les agences de vente des grains, qui, depuis le 1er octobre 1858, ont lieu tous les mercredis.

Ces jours d’agence, qui sont assignés une fois par semaine,