Les pièces, n’étant pas frappées artistiquement ni revêtues d’une empreinte qui rendît l’imitation difficile, étaient, elles aussi, exposées au danger de contrefaçons nombreuses : celles-ci furent peut-être une des causes qui firent adopter un étalon d’aussi peu de valeur que le cuivre. Dans les temps modernes, la Chine a absorbé des quantités considérables d’argent, notamment sous forme de piastres espagnoles et mexicaines : une partie des premières a été réexportée en Europe, lorsque la baisse du métal rendit l’opération profitable, puisque ces pièces, dépréciées en Chine, où elles suivaient les fluctuations de valeur de l’argent, avaient conservé toute leur force libératoire en Espagne ; et une partie des secondes, aux Indes, aussi longtemps que le libre monnayage du métal blanc y subsista, c’est-à-dire jusqu’en 1893.
Une des clauses du traité, remarquable à beaucoup, d’égards, qui fut conclu en 1867 entre la Chine et les États-Unis, par l’intermédiaire de M. Burlingame, portait que l’Empereur était pénétré de la nécessité d’améliorer le système monétaire de son pays et de le mettre en harmonie avec celui du reste du monde. Vingt ans plus tard, en 1887, édits sur édits se succédèrent pour ordonner des réformes : l’impératrice régente autorisa le vice-roi du Kwang-Tung à installer à Canton des machines pour y frapper des dollars, dont la valeur devait être égale à celle des piastres mexicaines. Mais ces nouvelles pièces, bien fabriquées l’abord, n’ont pas été adoptées par le peuple, en partie à cause des nombreuses contrefaçons dont elles ont été l’objet. Du reste, la fabrication n’a pas tardé à se relâcher : le titre, au lieu de rester à 900 millièmes de fin, s’est trouvé descendre à 884. La Monnaie réalise aussi des profits sur la frappe des pièces divisionnaires, qui, bien que ne contenant pas le poids voulu de métal fin, sont demandées sans cesse par la circulation. Plusieurs hôtels des monnaies sont installés, à Canton, Wou-Tchang, Ghirin, Tientsin : ce dernier ne travaille plus depuis l’occupation étrangère. En même temps que la Chine essayait de se donner une monnaie, l’Angleterre émettait un dollar d’argent pour ses possessions de Hongkong et des détroits, où d’ailleurs la piastre mexicaine circule couramment ; la France créait la piastre indo-chinoise, qui, par la perfection de sa frappe et la sûreté de son titre, a vite conquis droit de cité dans tout l’Extrême-Orient.
Le change avec l’Europe est différent selon les places, puisque la valeur du taël varie de l’une à l’autre. Quelle a été l’influence