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ports à traité. Des droits de timbre pourraient bien être établis et recouvrés sans trop de difficultés sur les commerçans ; l’augmentation des droits sur l’opium indigène accroîtrait l’importation d’opium indien ; enfin la taxe sur les maisons ne pourrait être établie sans inconvénient que dans un certain nombre de villes voisines de la mer ; car les paysans paraissent déjà lourdement imposés. Laissant de côté ce programme de nouveaux impôts à établir, on a supputé les ressources que fournirait l’augmentation d’impôts déjà existans et qui constitueraient un gage moins incertain pour l’emprunt que la Chine va avoir à contracter.

A quelque plan que l’on s’arrête, ce qu’il faut avant tout, c’est rétablir l’ordre dans la perception des impôts existans, transformer les mandarins fermiers et courtiers, qui se paient eux-mêmes sur les sommes qu’ils extorquent au contribuable, en fonctionnaires régulièrement appointés, comptables vis-à-vis du Trésor de tout ce qu’ils perçoivent ; supprimer les budgets provinciaux et centraliser dans le budget impérial les revenus. Un contrôle étranger, ou tout au moins le concours d’administrateurs européens, sera indispensable pour mener à bonne fin cette réforme, qui se heurtera à de vives résistances. Nous ne gommes pas en présence d’un pays écrasé de charges, et dans lequel il soit difficile de trouver des sources de revenus ; mais nous avons à lutter contre une anarchie politique et administrative, à laquelle il faut s’attaquer si nous voulons édifier quelque chose de sain et de durable.

La construction de lignes de chemin de fer est la clef de voûte des réformes. C’est elle qui permettra, mieux que toutes les conventions signées avec le Gouvernement impérial, la suppression des likin, des douanes intérieures et des passes de transit, qui sont de formidables obstacles au développement des échanges. L’ouverture de nouveaux ports, la liberté de navigation accordée dans les eaux intérieures, agiront dans le même sens. Le commerce sera le plus sûr fondement des finances chinoises restaurées : rien ne le développera mieux que la suppression des entraves qui gênent les transactions et la création de moyens de communication. Ceux-ci ont transformé l’univers au cours de la seconde moitié du xix" siècle ; ils ont été le facteur le plus merveilleux de l’essor économique de nouveaux continens comme l’Amérique, ou de la résurrection d’un vieux monde, comme l’Asie Mineure. Ils sont destinés à renouveler la face de l’Empire