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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 3.djvu/194

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autant que vous-mêmes. » Tous les moyens qui concourent à cette fin sont des commandemens de Dieu ; il n’y en a pas d’autres. Des lois humaines, comme celles de Moïse, ont pu être sanctionnées par la révélation : la loi divine est différente. Celui-là seul observe la loi divine qui aime Dieu, et qui l’aime non par crainte, ni par espoir, mais parce qu’il la connu. Cela est essentiel. Le reste n’est que moyens pour disposer lame.

Quelle importance faut-il donner à la célébration du culte, à la lecture des Livres saints, à la croyance aux dogmes ?

Les cérémonies du culte étaient pour les Hébreux des institutions politiques. On avait introduit la religion dans le gouvernement pour que le peuple obéît aux lois par dévotion. Mais les prophètes ont toujours distingué lu loi divine des cérémonies. Isaïe exclut de la loi divine toute espèce de sacrifices et de fêtes ; il la fait consister dans la purification de lame et la charité. « Vous n’avez voulu, disent les Psaumes, ni sacrifices ni présens, votre loi est dans mes entrailles ». Quant aux cérémonies du christianisme, elles sont les signes extérieurs de l’Eglise universelle, elles maintiennent l’intégrité de la société chrétienne. Ce sont des actions, de soi indifférentes, mais symboliques de biens nécessaires au salut. Pas plus que la prière, on ne peut les rejeter, car elles sont des moyens d’amener les hommes à aimer Dieu et à faire leur salut. Mais on ne peut pas davantage leur attribuer un caractère absolu d’obligation : elles ne sont pas, dit fortement Spinoza, des « actions, filles de l’entendement. » La foi, en certains cas, peut suffire sans le culte. Au Japon, les Hollandais restent chrétiens, bien qu’ils soient forcés de renoncer à la profession extérieure de leur religion.


Les Livres saints sont presque tout entiers en récits, récifs édifians, à coup sûr, et destinés à donner la foi à ceux qui ne peuvent saisir les choses par l’entendement, mais qui, pour cela même, ne sont pas tous nécessaires. Hs peuvent se suppléer les uns les autres. On peut entendre la doctrine qu’ils enferment sans connaître par le menu les troubles domestiques de la famille d’Isaac, ni les conseils d’Achitophel à Absalon. Pour le reste, en quel sens peut-on dire que ces livres contiennent la parole de Dieu ? Il faut se détacher résolument de la représentation grossière de lettres missives écrites par Dieu dans le ciel et envoyées de là aux hommes. La Bible a subi la condition de