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V

Il est maintenant facile de confronter l’air pollué d’une grande ville, comme Paris, au type normal, et de juger, par conséquent, de l’étendue de la viciation qui lui a été imprimée par les conditions de l’agglomération sociale. On peut apprécier, enfin, les dangers ou les inconvéniens qui en résultent.

L’atmosphère marine nous a offert, en quelque sorte, l’étalon naturel. L’air des champs présente déjà des élémens accidentels, surajoutés. Le gaz des marais ou méthane commence à s’y montrer à côté de l’hydrogène ; et, avec lui, d’autres hydrocarbures plus riches en carbone. Ceux-ci sont évidemment issus des émanations et des fermentations vaseuses du sol. La présence de ces carbures n’avait pas entièrement échappé aux chimistes qui nous ont précédés. Boussingault, qu’il faut toujours citer dans les études de ce genre, avait signalé l’existence d’un gaz hydrogéné qui pouvait être un carbure. MM. Müntz et Aubin ont nettement désigné le gaz des marais.

Si l’on en arrive à l’atmosphère urbaine, on retrouve encore l’hydrogène et le gaz des marais ; mais, à côté de celui-ci, on rencontre d’autres carbures d’hydrogène, plus riches en carbone, que l’analyse rapproche du benzène ou des corps aromatiques voisins quant à leur composition centésimale. Enfin on voit apparaître l’oxyde de carbone et d’autres gaz plus rares, tels que l’acide cyanhydrique. Ce dernier corps a été signalé par le chimiste russe Laktine. Il la trouvé à l’état de cyanures dans la suie des feux de bois.

La présence de l’oxyde de carbone dans l’air des rues et des maisons présente une certaine importance. Elle témoigne de la principale cause de la viciation de l’air respirable, à savoir les combustions qui s’accomplissent dans nos foyers d’appartemens ou d’usines.

Dans les conditions ordinaires, cet oxyde de carbone n’existe qu’en proportions minimes. La recherche de ce gaz dans l’atmosphère, où nous allons voir qu’il existe à un très haut degré de dilution, mélangé à 100 000 fois son volume d’air ou davantage, exigeait la création de méthodes analytiques très délicates.

Le procédé auquel on avait recours pour la détermination de l’oxyde de carbone dans les fumées émises par les foyers était