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LES FUMÉES ET LES GAZ DE L’ATMOSPHÈRE.

celui de l’ingénieur français Orsat. On absorbait l’oxyde de carbone, en conduisant le gaz total dans un vase rempli de chlorure cuivreux en solution chlorhydrique, muni d’une spirale de cuivre. Cette méthode a été perfectionnée par divers expérimentateurs, et en particulier par M. de Saint-Martin. Mais, en définitive, elle ne convient qu’à l’analyse d’un mélange riche en oxyde de carbone. Le procédé est tout à fait impuissant pour caractériser le gaz à la dose de quelques dix-millièmes ou cent-millièmes dans l’air vicié par des produits de combustions incomplètes. M. A. Gautier y a substitué un moyen infiniment plus délicat. Il se sert de l’oxyde de carbone pour réduire l’acide iodique et il dose l’iode libre. On reconnaît ainsi, assez facilement, un cent-millième de gaz toxique, ou moins encore.

Deux faits ressortent de ces analyses : c’est d’abord que l’air des villes contient presque toujours une petite proportion d’oxyde de carbone. En second lieu, c’est que cette quantité est éminemment variable avec les circonstances, disons avec le voisinage de foyers fumeux et imparfaits.

Les résultats indiquent une teneur moyenne de 0cc,21 dans 100 litres d’air, en d’autres termes, de 2 millionièmes. On trouve, à Paris, dans l’air d’un quartier aéré, tel que celui de l’École de Médecine, environ 2 litres d’oxyde de carbone dans un million de litres d’air ; ou encore 2 centimètres cubes dans un mètre cube de gaz respirable. Ce sont là des quantités extrêmement faibles, — et l’on peut s’en étonner d’autant plus que le chauffage de nos habitations jette dans les rues une quantité relativement considérable de ce gaz. M. A. Gautier l’évalue à 7 litres 1/2 par mètre carré de superficie et par jour.

Cette minime quantité est-elle en état de réagir sur la santé publique ?

C’est à la physiologie et à la médecine de répondre.

VI

La connaissance de la composition de l’air a été l’une des premières préoccupations de la chimie naissante. Aujourd’hui encore, après que cette science a pris de si grands développemens, c’est sa tâche de compléter l’œuvre de ses débuts, en déterminant les élémens, ou permanens ou accidentels, qui avaient échappé à la sagacité des premiers observateurs. La découverte de l’hydro-