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LA GRÊLE


Les Orages à grêle et le tir des canons, par M. Houdaille, professeur à l’Ecole nationale d’Agriculture de Montpellier, 1900.


Le terme de grêle évoque à l’esprit l’idée d’un fléau, soudain dans son apparition, désastreux dans ses effets, inexpliqué dans sa cause, mystérieux quant à son origine, capricieux à l’excès dans ses dégâts, funeste même quant à ses conséquences indirectes ; d’un fléau enfin impossible à éviter, à détourner, à maîtriser. Toutefois, dans la suite de ce travail, nous pourrons laisser entrevoir aux cultivateurs ou propriétaires une lueur d’espérance, en leur signalant un mode de préservation encore discuté, mais du moins simple et peu coûteux. Avec la crise agricole qui sévit aujourd’hui, on avouera que la condition d’un modeste prix de revient mérite d’être mise en avant.

Tout incohérentes que soient les notions acquises à l’heure actuelle sur la grêle, quelque peu significatifs ou contradictoires que paraissent les faits observés, il importe, du moins, d’exposer brièvement phénomènes et théories, sans négliger les conséquences pratiques propres à intéresser l’agriculteur.


I

Dans les climats septentrionaux ou sur les hautes montagnes des régions tempérées, on observe souvent un météore, parfaitement inoffensif d’ailleurs, nommé « le grésil. » Ce n’est qu’une modification de la neige ; le flocon, en tombant, traverse une couche atmosphérique d’une température relativement élevée ; il subit donc, dans sa chute, un commencement de fusion ; mais, arrivé dans une région où l’air est plus froid, il se concrète de