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le sol et favorisent leur multiplication ; mais, de plus, leur activité s’engourdit pendant l’hiver pour reprendre aux premiers effluves du printemps, se développer à son maximum lors des chaleurs de l’été, s’affaiblir enfin de nouveau quand survient l’automne. Supposons une chute de grêle se produisant au mois d’août, par exemple, alors que les microbes nitrificateurs fonctionnent avec le plus d’ardeur ; la surface de la terre sera brusquement ramenée, et pour une période assez longue, à une température sinon très basse, du moins voisine de zéro. Transition désastreuse pour ces petits êtres, qui souffrent comme souffrirait tout animal supérieur, tout végétal auquel on infligerait un passage trop brusque de la chaleur au froid. Ce n’est qu’à la longue que la nitrification pourra évoluer de nouveau. Si donc on ressème immédiatement un champ ravagé par la grêle, on s’expose à des mécomptes, car les jeunes plants manqueront d’alimens. M. Vacher, ancien député de la Corrèze et membre de la Société nationale d’Agriculture, va même plus loin ; si la grêle tombe, dit-il, sur un champ de blé et hache par trop les épis, il faut se résigner à faucher la paille telle quelle, à l’entasser et à mettre le feu à l’amas. Les cendres chaudes revivifient le sol.

Il ne faut pas hésiter non plus à faucher aussi les récoltes encore vertes. Du moins les trèfles auront chance de repousser. On sera plus malheureux avec les vesces et les pois. Au contraire, les chicorées sont peu sensibles à la grêle, alors que maïs, pommes de terre, tabacs, chanvres, betteraves, houblons en fleur souffrent énormément de ce fléau.

Aura-t-on plus de chance, avec les mêmes circonstances de grêle, dans les exploitations à culture arbustive ? Les apparences le feraient présumer, mais la pratique agricole dénote le contraire. En ce qui concerne une récolte annuelle, on peut, avec des soins et des dépenses, si la saison n’est pas trop avancée, utiliser le sol après la catastrophe et l’on a toujours, — au prix de fumures suffisantes, — la ressource de l’année prochaine. Précoce, au surplus, la grêle ne commet pas encore beaucoup de dégâts sur des plants peu développés ; tardive, elle ne survient qu’après l’engrangement des récoltes. Au contraire, — sauf durant la période de repos de la végétation, — l’arbuste a tout à redouter du choc des grêlons, et le dommage produit, loin de se localiser sur l’organe meurtri, se répercute sur tout l’ensemble