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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 3.djvu/423

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échauffé, les nuages abondans et chauds, et les surfaces isothermes assez rapprochées les unes des autres pour qu’un courant aérien ordinaire les confonde momentanément, d’où chute de pluie ou chute de grêle.

Les cristaux des cirrus primitifs serviraient de noyau d’agrégation, et la force du tourbillon expliquerait, sans avoir besoin de recourir aux mouvemens électriques, la suspension provisoire entre terre et ciel de ces masses fort lourdes. A la fin, le tourbillon perdant de sa violence et la grêle devenant trop pesante, celle-ci tombe, et l’on conçoit sans difficulté que, pendant et après leur chute, les grêlons se soudent et acquièrent quelquefois, par exception heureusement, les dimensions extraordinaires que nous avons signalées. Enfin, comme aux différentes natures de nuages correspondent des états électriques très différens, des décharges se produisent au moment du contact de ces masses hétérogènes et l’orage accompagne la pluie ou la grêle. Il est possible, après tout, que le rôle de ces décharges soit effacé, accessoire, mais enfin intervienne quelquefois, en favorisant la production du météore.

M. Millot, dans son cours de météorologie devenu classique[1], observe que, si l’on guette un nuage orageux, un nimbus sombre se résolvant en pluie à l’horizon, on distingue, au-dessus de ce nimbus, une masse arrondie et blanchâtre de cumulus, analogue, si l’on veut, à un champignon, une enclume, un pavillon évasé, soudé par sa base au nimbus. « C’est, dit M. Mil- lot, la trombe descendante des cirrus à laquelle Rozet a donné le nom de trombe interlunaire. »

Malgré tout, l’explication rigoureuse et bien élucidée du phénomène de la grêle n’a pas encore été trouvée. Il faut nous contenter des vagues notions que nous venons de résumer.

Toutefois, certains savans italiens, désireux surtout d’expliquer l’utilité de l’intervention des décharges d’artillerie sur les chutes de grêle, ont récemment compliqué la genèse du phénomène, Nous reparlerons de leurs théories à propos des tirs agricoles.


IV

Trois palliatifs ont été successivement proposés comme moyen de protection contre la grêle. Nous exclurons d’abord à

  1. Ce cours a été professé vers 1885, à Nancy.