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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 3.djvu/428

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seconde question des trois que nous avons énumérées en commençant, — aux règles qui concernent la variation des primes. Celles-ci se modifient canton par canton, et, lorsque les communes d’un même canton sont trop dissemblables, on crée des subdivisions. Ainsi, « en Avignon, « où rarement il grêle, il en coûte 1 franc par 100 pour assurer du blé et 5 francs par 100 pour assurer de la vigne ; dans certaines communes de l’arrondissement de Limoux, communes que nous ne nommerons pas, les chiffres correspondans sont 2 fr. 40 et 2 fr. 50, 10 et 12 francs, parce qu’elles sont souvent visitées par le fléau. Enfin, diverses communes sont tellement éprouvées par la malechance, qu’elles sont « interdites ; » les Compagnies refusent tout traité. On comprend que nous ne les citions point.

Autrefois les tarifs dérivaient de statistiques administratives, mais les Compagnies préfèrent actuellement se fonder sur les indemnités payées à la suite des sinistres. Si elles dépassent un certain taux, la commune changé de classe ; si elles s’exagèrent par trop, on met l’interdit sur le quartier. Les chiffres communiqués plus haut pour Avignon et Limoux sont ceux de l’année 1898 ; ils n’ont rien d’absolu. D’autant plus que la situation d’un territoire administratif peut aussi s’améliorer. Prenons pour exemple un certain canton de l’Hérault, exclusivement vinicole. Avant 1885, ses vignobles s’assuraient à 5 pour 100 ; après 1885, à la suite d’orages exceptionnels, le taux de la prime monte subitement à 12 pour cent. Une accalmie de quelques années a permis de le ramener à 8, et il n’est pas dit que de nouvelles fluctuations n’interviennent.

Il nous reste à dire deux mots des Compagnies d’assurances mutuelles. En principe, dans la vraie « mutuelle, » on fixe chaque année la cotisation des sociétaires ; mais, après la fin de la campagne, si le montant total des sinistres à couvrir dépasse la somme prévue, on provoque un appel de fonds supplémentaire[1], suffisant pour parfaire le règlement complet. En pratique, la première mise ne représente que les frais généraux d’administration ; elle est donc fixée très bas, et il arrive rarement qu’elle soit suffisante, à plus forte raison qu’elle fournisse un excédent à reporter sur les réserves. Ce système est assez répandu dans le Nord de la France, de Nantes à Lille, mais il ne s’est guère propage

  1. Dans certains cas, ou a vu cet appel de fonds dépasser et de beaucoup la première mise, laquelle est minime, ;à la vérité.