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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 3.djvu/433

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Comme nous le verrons plus loin, chaque poste comporte une pièce desservie par deux artilleurs et une cabane-abri. A toute troupe qui va combattre il faut un chef, une consigne, des ordres précis. C’est pour cela que, non pas au centre de l’ovale que figure le territoire de Denicé, ni à côté du village principal, mais au nord-ouest de celui-ci, au lieu dit le Mont-Roman, occupé par le canon numéro 35, se dresse le poste central, qui commande la manœuvre au moyen d’un mât porteur de drapeaux-signaux.

Ceux-ci sont au nombre de deux : le pavillon blanc et rouge est destiné à attirer l’attention du canonnier, qui doit se rendre à son poste, vérifier le bon état de sa pièce et de ses cartouches, se munir de la clef de la cabane et de la corne d’appel qu’il conserve soigneusement sur lui, sans s’écarter de la station tant que le signal n’aura pas disparu.

Si le péril augmente, le poste central arbore un drapeau jaune et force l’attention des syndiqués distraits, myopes, ou trop occupés, par un premier coup de canon. Toutefois les artilleurs n’imitent pas encore son exemple ; ils font retentir leurs cornes de toutes leurs forces, courent à leurs postes respectifs au plus vite, chargent leurs pièces et attendent. Les choses se gâtant de plus en plus, le poste central tire une seconde fois ; alors, de toutes les stations du réseau, on l’imite. Quoique, bien entendu, le tir soit pratiqué « à volonté, » il faut prévoir le fiévreux empressement qu’ont tous les tireurs, — militaires ou agricoles, — à précipiter leurs coups au hasard. Aussi est-il recommandé de laisser tout d’abord un intervalle d’une bonne demi-minute d’une explosion à l’autre et d’espacer ensuite les feux plus encore. Cesser enfin de tirer quand le danger a disparu, c’est-à-dire que la pluie tombe franchement, mais se bien garder d’interrompre, au contraire, si l’on voit arriver la grêle.

Nous n’insistons pas sur les soins de nettoyage et de mise en ordre à prendre dès que le tir est fini, mais nous ferons observer que chaque artilleur est tenu de porter au chef de section une feuille de comptabilité sur laquelle se trouvent mentionnés tous détails relatifs à la quantité de munitions sacrifiée et sur les circonstances accessoires du tir. En général, on choisit pour artilleurs agricoles d’anciens canonniers de larmée, ce qui n’est pas difficile à trouver par ce temps de service obligatoire. Mais il paraît que, dans certaines circonstances, des femmes ont pris