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sous le rapport de la sécurité. Aussi les accidens, il ne faut pas le dissimuler, ont-ils été fréquens et graves dans la Haute-Italie pendant la campagne de 1900, et il faut aussi incriminer le peu de discipline des artilleurs.

En face d’un matériel rudimentaire ou imparfait, se placent d’autres appareils plus savans. Comme système admirablement disposé, mais n’ayant pas encore fait ses preuves, nous mentionnerons un canon qui a figuré en 1899 à l’exposition de Padoue. Un générateur à acétylène, alimenté par du carbure de calcium, dégage le gaz qui, par un conduit métallique, débouche dans la chambre à explosion, sorte de cylindre en fer très épais. Un allumoir électrique permet au canonnier de provoquer la détonation de l’acétylène, tout en restant à distance, abrité dans sa cabane. Enfin le cône classique, savamment transformé, se métamorphose en hyperboloïde.

Il en est de même de la solution qu’un Français, M. Vidal, a préconisée, consistant à se servir de fusées et de bombes du modèle spécial aux feux d’artifice. L’efficacité en paraît douteuse, et, si l’on fait de fortes économies sur l’installation, on dépense beaucoup plus en munitions. Les postes, en effet, doivent être relativement beaucoup plus rapprochés les uns des autres, — une centaine de mètres, — et enfin la grosse objection est que le tireur doit installer sa pièce d’artifice et l’allumer dans une fosse creusée en terre, ce qui constitue une grave cause de danger[1].

On a reproché avec assez de raison à presque tous les moyens de défense culturaux recommandés dans ces dernières années de grever lourdement le budget du viticulteur. Pour appliquer du sulfure de carbone contre le phylloxéra, des bouillies cupriques contre le mildew et le black-rot, pour échauder la pyrale et autres insectes, etc., il faut beaucoup dépenser. Fait bizarre, la lutte contre les agens météorologiques revient à un prix moins élevé. Sans grands débours, on peut allumer les feux qui protègent contre la gelée et, suivant M. Guinand auquel nous empruntons les détails qui suivent, comme la plupart de ceux qui précèdent, avec 7, 8, 10 francs au maximum, par hectare protégé et par an, l’installation est amortie. Ajoutons éventuellement les frais de 20 coups par orage : ces 20 coups, à la

  1. Avant M. Vidal, l’emploi des bombes contre la grêle avait été proposé par un météorologiste bolonais, M. Bombicci.