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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 3.djvu/446

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les très louables ambitions se bornent à se marier suivant son cœur et à réussir dans la vie par son activité. Vous avez ainsi tous les personnages essentiels de la pièce. Le vieux Maravon, le père de Didier, n’a que l’emploi du raisonneur. L’Américain Stangy n’est qu’une utilité ; cela même fait que peu nous importe s’il semble moins vivant, plus conventionnel que les autres : nous ne nous intéressons pas à lui pour lui, mais seulement par rapport aux autres personnages. Et tous ces gens sont de braves gens, disposés à ne marcher dans la vie que par les voies régulières et droites. Il n’y a en eux aucune de ces tendances perverses qui, en se développant, faussent et troublent le cours normal des choses, aucun de ces instincts mauvais qui, lorsqu’ils font explosion, bouleversent une existence. Il s’en faut en effet que les catastrophes domestiques aient toutes leur origine dans les passions et dans les vices. Il en est d’autres, qui résultent du seul jeu des circonstances. C’est justement à l’un de ces drames entre braves gens, à l’une de ces tragédies de famille honnête, que nous allons assister.

Dès le premier acte, nous avons vu Sabine Revel se sacrifier à sa fille. Sabine est encore jeune, aimable et désirable. L’Américain Stangy, qui l’aime et en est aimé, la recherche en mariage, sans pouvoir depuis un an obtenir une réponse catégorique. Il est déterminé à brusqueries choses et lui met le marché à la main. Que Sabine lui promette de devenir sa femme, ou bien tout sera fini entre eux, il repartira immédiatement pour l’Amérique et Sabine n’entendra plus parler de lui. Sabine refuse de prendre aucun engagement : elle ne se croit pas le droit de se remarier tant qu’elle n’a pas établi sa fille. A peine Stangy vient-il de partir, Marie-Jeanne se jette dans les bras de sa mère, l’informe qu’elle aime le petit Maravon, qu’elle s’est fiancée avec lui, qu’elle n’en épousera pas un autre, qu’elle veut l’épouser, et l’épouser tout de suite. Ainsi le sacrifice de Sabine aura été inutile ! Et, tandis qu’elle brisait un cher espoir de bonheur personnel, afin de se consacrer au bonheur de sa fille, cette fille s’arrangeait pour la quitter dans le plus bref délai... On a fait ici à M. Paul Hervieu divers reproches. On lui a reproché que les raisons pour lesquelles Sabine refuse d’épouser Stangy ne semblent pas très fortes, que la détermination de Stangy est singulièrement brusque même pour un Américain, et qu’enfin il devait y avoir moyen de rattraper celui-ci à la gare. Ces reproches ne sont pas fondés. Autant il faut être sévère sur tout ce qui altère la vérité des sentimens, autant il convient de tenir compte à un auteur des nécessités que lui impose le raccourci de la scène. M. Hervieu a voulu nous