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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 3.djvu/560

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LES SALONS DE 1901
ET LE
VÊTEMENT MODERNE DANS LA STATUAIRE

Les Salons de 1901 sont des salon de réaction. Ils marquent, sur tous les points, un échec des tentatives « modernistes » et une réhabilitation du passé. Constater cette réaction n’est pas la créer, non plus que la nier ne serait la détruire. Elle est née de bien autre chose que de la critique et, en dépit de la critique, elle a grandi. Déjà perceptible il y a cinq ans, très visible dans les trois derniers Salons du siècle, ce mouvement se définit aujourd’hui si clairement, que tous les efforts de la dialectique ne sauraient plus le dissimuler.

Quand on se trouve, avenue d’Antin, dans la salle VIII, il est malaisé de soutenir que la lumière impressionniste rayonne sur les parois. Quand on s’arrête devant les toiles de M. Cottet, de M. Ménard, de M. Morisset, de M. Guignard, de M. Albert Moullé, de M. Georges Griveau, de M. Garrido, de M. Feliu, de Mlle Rœderstein, de M. Dauchez, de M. Sarlius, il est difficile d’y voir cette « peinture claire, » cet éblouissement de tons purs, cette « proscription des ocres et des bruns, » que les théoriciens de l’impressionnisme ont toujours donnés comme les caractéristiques de l’art nouveau[1]. Vainement chercherait-on à rattacher tous ces « ténébreux, » qui triomphent en ce moment, aux luministes et aux réalistes d’hier. Ils en diffèrent du tout au tout. On peut, à la vérité, parler de leur commune « émotion » et de leur semblable

  1. Cf. Lecomte, l’Art impressionniste. — Th. Duret, Critique d’avant-garde. Les Impressionnistes. — Castagnary, Salons, année 1876.