lèvres au ton du lieu, au diapason des excessifs, qui font la règle de ce qu’il faut penser dans toute réunion française, mondaine ou politique, réactionnaire ou républicaine.
Je crains que M. Bodley ne s’abandonne à l’une de ces généralisations qu’il s’interdisait dans sa préface. Il a vu dans Paris de légers phalènes qui bruissaient et volaient à tous les lustres cosmopolites. N’est-ce pas l’une des fonctions essentielles de la capitale des élégances, et ne devons-nous pas remercier les bons citoyens, les bonnes citoyennes qui se dévouent à la remplir ? Il a observé que l’argent les attirait, et que ce maître de l’heure régnait sans rivaux sur l’aristocratie comme sur la démocratie, chaque jour plus puissant, plus audacieux, plus fou dans ses caprices et mieux obéi dans ses exigences. Il ne fallait pas être un lynx pour faire ces découvertes. Mais le voyageur a vu de près la province, il y a résidé. Ne se souvient-il pas d’avoir rencontré, parmi les représentans de la classe qu’il exécute si prestement, beaucoup d’hommes adonnés au perfectionnement des méthodes agricoles, à la gestion des intérêts locaux ? Ne sait-il pas au prix de quelles difficultés, de quelles tracasseries, ces suspects font accepter leurs bons services et maintiennent des situations respectées ? Il pointe les listes de l’Institut, il tire argument pour sa thèse du petit nombre des noms de l’ancienne France qu’il y relève. Ce n’est là qu’une des forces nationales ; M. Bodley peut croire qu’on ne la rabaissera pas ici ; mais il y en a d’autres : l’armée, l’agriculture, l’industrie ; une bonne statistique des mérites doit en tenir compte. Ceux que notre auteur retranche de la vie utile sont nombreux dans ces carrières, ils y servent le pays avec zèle, avec abnégation. Il leur faut quelque courage pour réagir contre le pessimisme universel : ayant trop reçu jadis, ils attendent si peu pour eux-mêmes du présent, de l’avenir ! On leur reproche d’être souvent routiniers ; mais M. Bodley, qui a lu notre histoire, n’ignore pas leur persévérance dans une routine fort nécessaire à certains jours ; il sait à quelles heures critiques la France est toujours sûre de les retrouver, tous, ceux mêmes qui ne font rien ; comme disait Bersot d’un mauvais élève dont il augurait bien, c’est peut-être leur façon de travailler.
Ce tableau de nos mœurs est suivi d’une longue étude sur l’organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics, du système parlementaire, des partis politiques. La Constitution de