Les Chambres ont repris leur session interrompue par les vacances
de Pâques, et n’ont pas montré de prime abord une grande ardeur à
se remettre au travail. La Chambre des députés donne des marques
non équivoques de lassitude et de découragement. De toutes les promesses que ses membres avaient multipliées au temps où ils n’étaient
encore que candidats, bien peu seront finalement tenues : le temps
ferait défaut désormais, quand même la confiance des premiers jours
serait encore intacte, et assurément elle ne l’est pas. En moins de trois
années, l’usure de la Chambre a été très grande, et il est de plus en
plus probable qu’elle maintiendra, ou plutôt qu’elle laissera toutes
choses en l’état jusqu’au jour où le suffrage universel, intervenant
dans nos affaires, y apportera peut-être cet élément nouveau qu’on
a cessé d’attendre de l’initiative du parlement. L’impuissance actuelle
de celui-ci et la préoccupation que lui causent les élections prochaines
expliquent tout ce qui se passe, et l’expliqueront sans doute chaque
jour davantage.
Dès son retour, la Chambre a eu à élire sa commission du budget. M. le ministre des Finances avait déposé devant elle un projet de budget qui est peut-être, dans les circonstances présentes, le moins mauvais possible : quant à en faire un de bon, il n’y faut pas songer. Le caractère prudent de celui de M. Caillaux vient de ce qu’il ne contient aucune de ces grandes réformes dont on avait tant parlé pendant la période électorale, et dont l’impôt sur le revenu était la pièce maîtresse. Il n’en est même pas question dans le projet. Plusieurs députés se proposent de combler cette lacune sous forme d’amendement. On