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complètes et quelques académies, toutes dotées d’un jardin botanique. A l’école des paysagistes anglais et français, nos voisins ont mieux dessiné leurs parcs, squares et promenades : les anciens remparts et fossés de plusieurs villes jadis fortifiées se sont transformés en promenades pittoresques. Congrès de rosiéristes, d’orchidophiles, de chrysanthémistes, d’amateurs de conifères, expositions internationales de Hambourg, d’Erfurth qui s’appelait au moyen âge le Jardinier du Saint-Empire, tout témoigne d’une passion active, intelligente, féconde en résultats. Un système d’assurances contre la grêle fonctionne pour les horticulteurs, principalement dans l’Allemagne du Nord et du Centre.

La rose, l’orchidée, le cyclamen, le glaïeul, sont au premier rang des fleurs préférées par nos voisins et l’on remarque ce phénomène qui se généralise de plus en plus : tandis que jadis chaque horticulteur cultivait une collection de plantes variées, les établissemens en renom se consacrent à une spécialité, qui aux plantes à beau feuillage ou à fleurs, qui aux plantes de serre ou de pleine terre ; il semble que producteurs et acheteurs y trouvent leur compte. Une industrie florissante est celle des graines florales ou maraîchères : les maisons de commerce ont leurs cultivateurs attitrés, des succursales, des tenanciers dans la Provence et l’Algérie ; la production des graines de fleurs occupe plus de 500 hectares ; elle a si bien réussi aux habitans de Quedlimbourg que l’un d’eux, enfant de ses œuvres, a légué près d’un million pour encourager les ouvriers du pays et les jeunes gens qui veulent marcher sur ses traces. On cite un horticulteur qui cultive vingt hectares d’immortelles, curieux témoignage d’une persistante tradition. En France et ailleurs, l’immortelle figure au nombre des fleurs démodées : comme si nous avions pris au sérieux le dédain mélancolique qui perce dans une belle lettre de la marquise du Deffand à Walpole : « Je pensais l’autre jour que j’étais un jardin dont vous étiez le jardinier ; que, voyant l’hiver arriver, vous aviez arraché toutes les fleurs que vous jugiez n’être pas de saison, quoiqu’il y en eût encore qui n’étaient pas entièrement fanées, comme de petites violettes, de petites marguerites, et que vous n’aviez laissé qu’une certaine fleur qui n’a ni odeur, ni couleur, qu’on nomme immortelle parce qu’elle ne se fane jamais... C’est l’emblème de mon cœur... »

En Angleterre, l’horticulture se développe librement, et bien