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édictées contre la sorcellerie. » La reine Marie-Antoinette mit à la mode la violette ; au plus fort de la Révolution, on vend la pommade à la guillotine ; les muscadins ont pour odeur préférée le musc, l’impératrice Joséphine donne crédit à la vanille, aux parfums exotiques. Et, avec plus ou moins de discrétion, l’usage des parfums n’a pas discontinué : il semble l’apanage des civilisations raffinées. Dis-moi comment tu te parfumes, je te dirai qui tu es, ce que tu penses, ce que tu aimes.

Comme la musique, comme les sons, les parfums agissent sur le cerveau ; d’aucuns affirment leur influence morale, et l’on a même construit une gamme des odeurs. La rose aurait pour demi-ton le géranium, et voilà un moyen de composer de fins bouquets dans le genre de ceux-ci :


Accord de Sol Basse Sol Pergulaire
Sol Pois de senteur
Violette
Fa Tubéreuse
Sol Fleur d’oranger
Si Aurone
Dessus.
Accord de Do Basse. Do Santal
Do Géranium
Mi Acacia
Sol Fleur d’oranger
Do Camphre
Dessus.

« Il existe, observe M. Roux, des odeurs fortes et des odeurs vives, comme il existe des sons graves et des sons aigus. Les sons graves sont produits par des émanations lentes. Précisément les odeurs graves, comme le patchouly, sont d’une volatilisation beaucoup moins rapide que les autres, l’essence de citron par exemple. Les sons ne s’accordent pas toujours entre eux... de même les odeurs s’accordent entre elles ou ne s’accordent pas. Certains parfums s’excluent l’un l’autre, et, quand on vient à les mélanger, l’odeur qui en résulte est parfaitement désagréable... De même que dans la gamme : do, mi et sol forment un accord parfait, — en mélangeant, le citron, l’orange et la verveine, — ou bien le patchouly, le santal et le vétyver, — ou bien encore l’amande, l’héliotrope, la vanille et la clématite, nous aurons