Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 4.djvu/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

beaucoup plus de polémiques, de discussions et de commentaires qu’après sa clôture. C’est qu’il n’a pas tenu ce qu’on s’en promettait. Il est vraiment difficile, à ceux qui en attendaient pour le moins un Décalogue électoral, de reconnaître ce caractère à la Déclaration pompeuse et creuse qui en est sortie. Il y a eu, sur cette espèce de Sinaï, beaucoup plus de nuages que d’éclairs. On avait pourtant convoqué tous les chefs et tous les orateurs du parti radical plus ou moins teinté de socialisme, depuis M. Brisson jusqu’à M. Bourgeois et depuis M. Mesureur jusqu’à M. Pelletan, sans compter M. Goblet, qui a rompu la retraite où il s’enfermait depuis les élections dernières, pour venir présider la première séance du Congrès. C’est surtout sur lui que nous comptions, parce que, quelque jugement qu’on porte sur le rôle politique qu’il a joué, on ne saurait lui refuser une grande lucidité d’esprit, une parole vive et nette, et un certain dédain pour les petites intrigues où d’autres s’embrouillent et finissent par se perdre. On croyait qu’un homme ainsi doué, après avoir disparu de la lutte depuis quelque temps, n’en serait que mieux à même de juger des incidens ou des accidens auxquels il n’avait pas été mêlé, et qu’il pourrait dès lors faire entendre quelque parole utile. Mais cette parole n’est pas venue, soit que M. Goblet ait été découragé tout de suite par le spectacle qu’il a eu sous les yeux, soit qu’il ait préféré se réserver encore. Quant aux discours de MM. Henri Brisson, Léon Bourgeois, Camille Pelletan, etc., on les a déjà entendus si souvent, que tout le monde les sait par cœur et n’y attache plus beaucoup d’importance. Mais enfin tous ces discours, plus inévitables encore en pareil cas qu’indispensables, ne sont généralement considérés que comme de longs hors-d’œuvre. Après cette entrée en matière, on espérait un programme, et, à la place de ce programme, on n’a eu qu’un discours de plus. La Déclaration dont nous avons déjà cité un passage parle à la fois de Valmy et de Quiberon, et de l’influence exagérée des bureaux sur les ministres. Du reste, pas une pensée, ni même une expression originale. Cela manque étrangement de lumière et de flamme, et si le parti radical n’a pas une Marseillaise plus stridente pour aborder la bataille électorale, il ne fera pas beaucoup d’effet sur les électeurs. Il est possible que les autres partis ne trouvent pas davantage, mais ils ne pourront pas trouver moins. On éprouve, en lisant ce morceau, une impression de stérilité déconcertante, comme si le parti radical, arrivé à son tour à l’épuisement et à l’impuissance, était mûr pour passer au second plan. Il était au premier aux élections dernières. Il promettait alors l’impôt sur le revenu avec beaucoup de fracas. Il le promet