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subir une rampe de 5 pour 100, très dure pour les marchandises lourdes et encombrantes, et notamment pour les houilles importées d’Angleterre. Mais Morlaix trouve, dans l’expédition de ses produits agricoles, œufs, beurre, légumes, bestiaux et chevaux de course et de trait, et dans l’importation des engrais marins, les élémens d’un trafic considérable ; et, bien que ce mouvement tende un peu à diminuer, il est encore de 30 000 tonnes à la sortie, de près de 15 000 à l’entrée, sans compter la navigation batelière, qui introduit annuellement de 30 à 35 000 tonnes de goémons, d’amendemens marins, de sable et de matériaux de construction provenant de la baie et des côtes voisines.

Cette navigation batelière est la caractéristique du port de Morlaix. La prospérité de l’agriculture sur les côtes de Bretagne, et notamment à Morlaix, est due en effet à l’emploi des goémons et des sables calcaires qui agissent comme engrais et amendemens diviseurs et transforment les terres acides si nombreuses dans le pays. Ces précieux engrais peuvent en général parvenir sans trop de frais jusqu’à 30 ou 35 kilomètres de leur lieu d’extraction ; mais les rivières qui, comme celle de Morlaix, pénètrent profondément dans les terres diminuent encore la distance à laquelle ils ne pourraient plus être transportés par voitures et reculent en conséquence la zone où ils sont utilement employés.

Les goémons sont de deux sortes ou plutôt de deux provenances, les goémons de rives et les goémons d’épaves ; les premiers qui tapissent une partie de la zone littorale appartiennent aux communes riveraines et sont consommés en général par elles. Les goémons d’épaves sont ceux arrachés par la mer dans les grands fonds et rejetés sur le rivage. Ils appartiennent à ceux qui les récoltent, et ce sont surtout ceux-là qui pénètrent à Morlaix.

Les sables engrais comprennent deux catégories, le trez et le maërl.

Le trez, comme son nom breton l’indique, est tout simplement du sable ; ce sable est fin, calcaire, analogue à la tangue de Saint-Malo, et contient de 45 à 60 pour 100 de carbonate de chaux et 15 pour 100 environ d’azote. On le trouve en grande abondance sur toute la côte de Léon, de Plouescat à Roscoff, et principalement près de l’île de Sieck, qui fait partie de l’archipel rocheux et très compliqué échoué au-devant de Roscoff et dont l’île de Batz est l’élément le plus important.