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rivière de Quinic ; c’est le port. L’anse est semée d’îlots, mais ils sont tous bien connus et surtout très bien repérés et balisés ; et, s’ils nécessitent une manœuvre prudente, ils donnent beaucoup de calme, même pendant la grosse mer. Le Quinic formait autrefois à son embouchure un grand marécage. C’est de là que Paimpol a tiré son nom (pen, tête ; poul, marais). L’étang est aujourd’hui transformé, atterri, en pleine culture. Le port, très bien abrité au fond de son anse et précédé de la jetée de Kernoc, est ceinturé de quais munis de cales et possède en outre un petit bassin à flot. Ces installations sont à peine suffisantes pour de commerce local, qui est de 15 000 tonnes environ, moitié à l’exportation en produits agricoles, moitié à l’importation en houilles, vins, cidres et bois du Nord. Mais l’industrie maritime s’est portée depuis une quarantaine d’années environ sur la pêche de la morue à Terre-Neuve et dans la mer d’Islande. Paimpol arme pour cette pêche spéciale plus de 60 bateaux par an, et la petite pêche n’y tient plus, à côté, qu’un rang secondaire.

Entre Paimpol et le Légué, deux autres ports très voisins l’un de l’autre, Binic et Port-Rieux, ont tout à fait le même caractère. C’est même de Binic, paraît-il, que sont partis pour Terre-Neuve les premiers bateaux bretons. Les marins de Binic auraient fait dans le temps cette pêche avec les Basques, qui passent pour en avoir été les initiateurs en France, et, au retour d’une de leurs campagnes, l’auraient préconisée et introduite dans le pays. Binic est à l’embouchure de la petite rivière d’Ic, et son port est beaucoup plus exposé à la grosse mer que celui de Paimpol ; mais des travaux considérables y ont été exécutés. Une grande jetée de 350 mètres, la jetée Penthièvre, enveloppe aujourd’hui l’ancien port, qui n’avait qu’un môle insuffisant, et lui procure un peu du calme qui lui manquait. Grâce à cet ouvrage avancé, Binic possède deux bassins, le port Penthièvre qui est l’avant-port, et le vieux port. Cette double installation est largement suffisante pour le présent et même pour un certain avenir. Le mouvement commercial, indépendamment de la pêche d’Islande et de Terre-Neuve, est de plus de 10 000 tonnes, réparties à peu près également entre l’importation et l’exportation.

Port-Rieux est beaucoup mieux abrité que Binic et très bien situé dans une petite échancrure précédée d’une assez bonne rade foraine et protégée du côté du large par une jetée de 350 mètres de développement, présentant sur sa face intérieure un quai