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facilement accostable. Port-Rieux jouit surtout de cet avantage assez rare que la mer y atteint, même dans les plus faibles marées, assez de hauteur pour que les navires d’un tonnage ordinaire n’y amortissent pas. Son seul défaut est d’être trop près de son voisin. Binic et Port-Rieux se nuisent réciproquement. Les marins de port-Rieux sont aussi de courageux pêcheurs d’Islande. Cette campagne annuelle dans la mer glacée voisine du pôle est la grande émotion du pays. La petite pêche, pourtant, y est toujours assez active, et le mouvement commercial se maintient à près de 6 000 tonnes.

A l’Est du Légué et jusqu’à l’embouchure de la Rance, sept petits ports sont échelonnés dans la baie de Saint-Brieuc : le Dahouet, Erquy, Port-Vieux, Plancoët, le Guildo, Saint-Jacut et Saint-Briac. Tous les sept sont sans grande importance, assèchent en général aux basses mers, et se prêtent en somme assez mal à des opérations de commerce. Ports de pêche surtout.

Le Dahouet, cependant, a un tonnage de près de 8 000 tonnes ; Erquy et Port-Vieux, de 4 à 5 000 chacun ; Plancoët et le Guildo, 5 000 environ à eux deux ; Saint-Jacut et Saint-Briac, presque rien.

Erquy seul paraît avoir existé à l’époque de la conquête. Nous avons vu que c’était l’ancienne Reginea de la table théodosienne. On y a retrouvé de nombreuses substructions gallo-romaines, des dallages en mosaïque, des médailles, quelques ruines d’un aqueduc, et surtout des traces nombreuses de la route qui conduisait à Corseul, Fanum Martis, et de là à Bennes, Condate.

Le cap d’Erquy et le cap Fréhel, sur lequel se dresse un des plus beaux phares de nos côtes, marquent la saillie Est de la baie de Saint-Brieuc. La falaise de Saint-Quay et le petit archipel rocheux du même nom qui la précède constituent en quelque sorte son musoir Ouest. Entre Saint-Quay et Erquy, le golfe s’est beaucoup creusé, au cours de notre dernière époque géologique. Il est sans doute difficile de préciser la limite de l’ancien rivage à une époque déterminée. Les vestiges de l’ancienne route romaine, retrouvés de distance en distance sous le sable et dont nous avons parlé plus haut, ne sont que des repères du IIe ou du IIIe siècle. De nombreux débris végétaux, dont la conservation est exceptionnelle, ne peuvent donner que des dates encore moins précises. Tout ce que l’on peut affirmer, c’est que, presque