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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 4.djvu/899

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d’habitations primitives. On y a retrouvé des tombelles, des tunuli caractéristiques de l’époque celtique, des débris d’os, de coquillages abandonnés après le repas, des fragmens de poteries grossières, quelques anneaux de fer, des poids qui devaient servir de monnaies, et de nombreux fragmens de tout le matériel rudimentaire qui caractérise les époques primitives de la civilisation sur notre sol[1]. César peut bien y avoir établi plus tard ses légions, puisqu’il est passé à peu près partout sur la partie du littoral de la Gaule qui fait face à la grande île de Bretagne ; mais il y a été certainement précédé ; et son campement n’a dû être que temporaire, sur un oppidum déjà régulièrement constitué.

Il est en outre très intéressant de remarquer que le nom de la « cité de Limes » se retrouve de l’autre côté de la Manche, sur la côte anglaise. Il y a eu, en effet, de tout temps un lien continu entre la Bretagne et la Gaule. Ce lien était le druidisme, dont les pratiques étaient très profondément enracinées dans le cœur de la race celtique. La population, assez clairsemée d’ailleurs, de la côte de Bretagne n’était pour ainsi dire qu’une colonie avancée des peuplades continentales, beaucoup plus denses, du Belgium. L’observation de César est sur ce point, comme sur tant d’autres, d’une parfaite justesse. « L’intérieur de la Bretagne, dit-il, est habité par des peuples que la tradition représente comme indigènes. La partie maritime est occupée par des peuplades belges que la guerre ou l’appât du butin ont fait sortir de leurs pays ; elles ont presque toutes conservé le nom des lieux dont elles étaient originaires lorsqu’elles vinrent, les armes à la main, se fixer dans la Bretagne et en cultiver le sol[2]. »

Rien n’est en effet plus facile, même à de petits bateaux, que de traverser le canal de la Manche avec un temps favorable et de venir atterrir par un léger vent du Midi sur les côtes de la grande île voisine, qui présentent avec celles du continent des analogies frappantes, — même structure minéralogique, même production agricole, même climat, même ciel. Les blanches falaises de l’ancienne Albion se profilent quelquefois à l’horizon avec une netteté et une pureté parfaites, en tout semblables à celles de la Haute-Normandie ; et, par certains temps clairs, il y avait certainement dans cette vision, dans cette sorte d’appel aérien, quelque chose qui devait frapper l’imagination et exciter l’esprit

  1. Voir les découvertes de M. Féret en 1827.
  2. De Bello Gallico, liv. V, XII.