aucune opposition, » écrivait le Roi à Boufflers, et, dans une autre dépêche : « Vous connoissez avec moy l’importance dont il est pour la gloire de mes armes de ne pas souffrir que l’on fasse un siège en présence du Duc de Bourgogne sans qu’il y mette aucun empêchement, soit par une diversion ou de quelqu’autre manière que ce puisse être[1]. » Ainsi pressé, Boufflers essaya d’une diversion. Il porta son armée en avant, et, après lui avoir fait franchir, non sans péril, l’étroit défilé d’Hechtel, il déboucha, sur une bruyère découverte, offrant la bataille à Marlborough, qu’il trouva fortement campé à l’abri d’un ruisseau et d’un marais. Marlborough ne voulut pas abandonner cette position inexpugnable pour en venir aux mains. L’affaire se borna à une canonnade très vive. Le Duc de Bourgogne demeura toute la journée au feu, et courut même d’assez sérieux dangers. Dans l’après-midi, il mit pied à terre un instant pour prendre un léger repas. A peine avait-il terminé, qu’un boulet bien dirigé vînt renverser la table et briser le siège où il était assis, emportant la tête d’un des valets de chambre qui le servaient[2].
Toute la journée fut employée ainsi. Le lendemain, le Duc de Bourgogne, après avoir reconnu lui-même la position des ennemis, tint un conseil de guerre, dont le Duc du Maine rend compte brièvement dans son journal[3]. L’avis unanime des généraux fut qu’il était impossible d’attaquer Marlborough dans la position où il était retranché, et que la retraite s’imposait. Elle eut lieu la nuit, par le même défilé, et l’opération n’était pas sans difficulté. Le Duc de Bourgogne y fit son devoir, se tenant tout le temps à l’arrière-garde, et ne descendant de cheval qu’à minuit pour souper d’un morceau de pain et coucher sur la bruyère, enveloppé dans son manteau. Aussi les rapports militaires ne tarissent-ils pas en éloges sur son compte. « On ne peut rien adjouter, écrivait Boufflers, à, tout ce que Mgr le Duc de Bourgogne a coutume de faire de grand, de noble, de hardy et de sage dans tout ce qui s’est passé depuis trois jours devant l’armée ennemie et sous un feu très considérable de canon auquel il s’est exposé plus qu’il ne devoit. » D’Artagnan, de son côté, écrivait à Chamillart : « Rien n’est plus remarquable que la gayeté de notre prince quand il crut