l’Arques ; et cette embouchure n’a cessé de se déplacer de l’Ouest à l’Est, sous la poussée irrésistible des galets qui ont fini par combler toute l’ouverture de l’ancien golfe et former l’énorme remblai d’une vingtaine de mètres d’épaisseur sur lequel la ville actuelle est bâtie. Le chenal et le port se trouvent maintenant rejetés tout à fait à l’Est contre la falaise ; ils ne pourront pas aller plus loin, et tous les efforts de l’art moderne concourent à l’y maintenir dans de bonnes conditions de profondeur.
Les travaux réellement sérieux n’ont commencé qu’à la fin du XVIIIe siècle. Dans la période de 1700 à 1760, cependant, les ingénieurs militaires avaient déjà dépensé près de 3 millions de livres d’après des projets dressés par Vauban pour une série de reconstructions et de prolongemens des jetées que chaque tempête détruisait en partie. Mais c’est Colbert qui posa le premier le programme très net des travaux à exécuter : régularisation du nouveau chenal, construction de jetées à claire-voie pour briser et amortir les vagues, avant-port, bassin à flot, écluse de chasse. Plus ou moins modifiés, ils ont été commencés, sous la direction de M. de Cessart, ingénieur en chef de la généralité de Rouen, par l’ingénieur Lamblardie, et poursuivis par la série de leurs successeurs.
L’entrée dans le port de Dieppe a lieu aujourd’hui par un chenal compris entre deux jetées à claire-voie de 600 et de 700 mètres, celle de l’Ouest naturellement en saillie sur celle de l’Est pour arrêter le galet ; c’est, nous l’avons dit, la disposition classique adoptée pour presque tous les ports de la Manche. Le chenal a 75 mètres de largeur ; il conduit dans un premier avant-port, de près de 7 hectares, où stationnent les paquebots qui font jour et nuit à heures fixes, le transit des voyageurs et des marchandises pour l’Angleterre et où les pêcheurs très nombreux débarquent leur poisson. Ce premier avant-port communique avec un second, qu’on appelle indifféremment l’arrière-port ou le nouvel avant-port, qui a près de 4 hectares et est affecté aux bateaux du plus fort tonnage. En arrière, quatre bassins à flot présentent une superficie totale de près de 15 hectares, le bassin Bérigny, le bassin Duquesne, le bassin de mi-marée et le nouveau bassin. L’avant-port et le port réunis peuvent mettre à la disposition des navires près de 4 kilomètres de quais. Une vingtaine de grues à vapeur et une forme de radoub complètent les installations.