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aujourd’hui et transformé en port par une série d’ouvrages modernes, a dû certainement être autrefois et pendant longtemps un excellent abri.

Le port actuel d’Eu n’est qu’un petit bassin de 160 mètres de longueur sur 40 mètres de largeur ; c’est plus que modeste. Le mouvement y est cependant encore de plus de 10 000 tonnes : à la sortie, des fruits, des légumes, des planches sciées ; et, comme partout sur la côte normande, des bois du Nord et des charbons anglais à l’entrée.

Ce n’est assurément pas le commerce qui est le principal attrait de la Bresle maritime. A Eu, c’est la grande forêt, l’élégante chapelle collégiale qui a presque les dimensions d’une cathédrale, et surtout le château séculaire, ancienne forteresse de l’époque carlovingienne qui a maintes fois défendu la vallée contre les invasions des Normands, transformée aujourd’hui en résidence princière, magnifique et déserte au milieu d’un parc admirablement situé. Au Tréport, c’est la série des terrains qui escaladent la montagne et d’où l’œil découvre une des plus magnifiques vues de l’Océan : d’un côté, l’interminable ligne des falaises ; de l’autre, les grèves de la Somme se perdant dans l’horizon lointain et se confondant avec la mer. Au bas de la grande muraille, deux plages élégantes, animées d’un luxe tout moderne et visant peut-être un peu à l’effet, complètent la séduction du pays : celle du Tréport, de 500 mètres de développement, naturellement limitée entre la falaise et la jetée Ouest du chenal ; l’autre sur la rive droite de la Bresle, la plage de Mers, qui se prolonge tous les jours, toutes deux présentant les principaux agrémens mondains de la plupart des stations balnéaires avec l’avantage spécial de communications très rapides avec Paris.

La falaise continue encore jusqu’au Bourg d’Ault, sur près de 6 kilomètres ; mais elle s’abaisse peu à peu, et c’est bien la fin du grand mur de craie qui longeait la mer depuis la sortie du Havre. Elle court cependant encore à travers les terres, en conservant sa direction générale du Sud-Ouest au Nord-Est, jusqu’à la petite colline que couronne le château de Saint-Valéry. Le Bourg d’Ault, qui est devenu depuis quelques années une station balnéaire assez fréquentée, était autrefois le dernier port de la côte normande. Il est aujourd’hui perdu. La petite crique a été complètement obstruée par les galets et les sables. A la fin du XVIIe siècle, elle présentait encore quelque animation. Un