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animation. Le mouvement commercial est en revanche assez faible, — 12 000 à 15 000 tonnes au plus, — presque toutes à l’importation, charbons anglais et bois du Nord. Les navires sortent en général sur lest ; mais on y embarque de temps à autre quelques tonnes de galets choisis pour les fabriques anglaises de produits céramiques. Tout fait espérer cependant que le mouvement prendra une certaine extension. Le port est en effet très bien aménagé. Le chenal, d’une longueur de 250 mètres et d’une largeur de près de 60, est compris entre deux jetées dont lune, celle de l’Ouest, en saillie comme de raison sur celle de l’Est, présente sur une centaine de mètres une claire-voie qui donne passage aux galets. Ce chenal conduit dans un avant-port ou port d’échouage de 4 hectares et demi, dont la profondeur est de 5m,50 en morte-eau ordinaire et qui présente un développement de quais de près de 500 mètres. À la suite, un petit bassin à flot ou arrière-port, pouvant recevoir des bateaux de 3m,50 de tirant d’eau, communique avec un second bassin de 2 hectares et demi, formé par l’épanouissement du canal maritime d’Eu ; et l’ensemble présente encore près de 800 mètres de quais. Ces bassins et l’avant-port reçoivent périodiquement des chasses que leur envoie le grand bassin de retenue des eaux de la Bresle, placé immédiatement en amont et qui n’a pas moins de 15 hectares de superficie.

Le canal maritime d’Eu au Tréport, qu’on appelait autrefois le canal d’Artois et dont le premier tracé date du milieu du XVe siècle, n’a que 3 kilomètres et demi de longueur. Sa profondeur varie de 2m,80 à 3m,80, suivant le débit de la Bresle, l’amplitude des marées et le jeu de ses ouvrages régulateurs. Il permet en général aux bateaux à voiles de 100 à 150 tonneaux de remonter jusqu’au bassin d’Eu ; mais il y a seulement trois quarts de siècle, alors que la Bresle se jetait directement dans le bassin du Tréport sans écluse, sans déversoir, sans ouvrage spécial qui modérât l’action du flux et du reflux, la communication était souvent difficile et toujours intermittente. Elle paraît cependant, avoir existé de temps immémorial.

Bien que le Tréport et Eu ne soient mentionnés sur aucun itinéraire classique, on y a trouvé quelques débris de l’époque gallo-romaine ; et le petit golfe naturel, presque comblé [1]

  1. L’abbé Cochet. Notice historique et archéologique de la ville du Tréport, 1861.