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Ce n’est pas « se diviser pour combattre » que de partager ses forces en échelons distans de quelques kilomètres, à la condition que chacun d’eux soit capable de livrera lui seul un combat d’une durée proportionnée à la distance qui le sépare des autres échelons. C’est, au contraire, procéder, dans l’offensive, d’une façon très judicieuse que de se jeter vigoureusement sur l’ennemi avec des forces telles qu’il soit obligé de se défendre sur tout son front et qu’il ne puisse plus échapper ni conserver sa liberté d’action.

Si, d’autre part, on tient compte du degré de résistance que l’armement moderne donne à une troupe énergique ; si on considère combien il sera difficile de bousculer définitivement nue division ou un corps d’année mettant en ligue tous ses moyens d’action, canons et fusils, et sachant utiliser le terrain, on se rendra compte que l’on ferait le jeu des Allemands en se jetant sur eux pour écraser prématurément leur premier échelon.

En réalité, ce premier échelon fonctionne pour eux comme un puissant rideau, chargé d’amorcer l’adversaire, de le faire déployer, de l’immobiliser, de le maintenir, en attendant le coup qui doit l’écraser.

En examinant les opérations de la 42e division, dans les journées des 7 et 8 septembre, manœuvre où elle s’est engagée en entier dès le début, on voit que le reste de son parti formait réserve pour les batailles ultérieures. C’étaient trois divisions du IIe corps, les 3e, 4e et 41e divisions.

Ainsi se dessineront dans l’avenir les préliminaires de la bataille, celle qui durera plusieurs jours et que termineront les déroutes, par l’effondrement des forces morales du parti épuisé

Toute attaque dont on connaît la forme comporte une parade sûre et une riposte. Il neutre pas dans le cadre de cette étude d’élucider cette question.

On s’est uniquement proposé d’appeler l’attention sur ce fait, que les procédés de combat dépendent plus que jamais de l’état moral des troupes.

Le soldat du temps de paix et le soldat du champ de bataille sont deux êtres différens. Souvent les méthodes d’éducation et d’instruction qui devraient tendre à les identifier, travaillent inconsciemment à les disjoindre, en tuant l’initiative et en détruisant l’action.

Les formes d’instruction empiriques des armées du XVIIIe