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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 5.djvu/579

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ROCHOW
Lansquenet, — soldat,
Je ne comprends pas la différence.
FREDERIC-GUILLAUME.
Vraiment pas ?
ROCHOW.
Non, vraiment.
FREDERIC-GUILLAUME
Eh bien, je te l’expliquerai :
L’un est celui qui loue son sang,
Sa conviction, son courage,
Que la cause soit bonne ou mauvaise,
Pour un vil salaire, au premier venu.
Pour ce qu’il y a de pire au monde,
Il vend le meilleur droit de l’homme :
Pour de l’argent.
ROCHOW
Non, pour la gloire et pour l’action !
FREDERIC-GUILLAUME.
Il y en a aussi pour le soldat.
Mais la main du soldat
Ne sert pas sa propre personne
Pour un gain vil, pour un salaire.
Elle sert une cause sacrée :
La patrie.
Le paysan et le bourgeois sont pour toi de l’ordure ;
Narguant leur misère,
Tu les foules du pied dans la boue :
Que le soldat protège le bourgeois !
Car l’homme n’a pas été fait pour les armes,
Mais les armes pour l’homme.
Rochow, tu es pourtant un fils de la Marche ;
Ton âme si ardente, tes membres si forts,
C’est ta patrie qui te les a donnés.
Est-ce donc trop que de te demander
De vivre pour ta patrie ?
Elle a besoin de toi, elle t’appelle,
Maurice-Auguste, reste ici !
Sois avec nous !