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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 5.djvu/623

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1901, l’héritage politique qu’il laisse à M. Roosevelt, ne représente pas une période moins étendue.

L’instantanéité avec laquelle la vacance présidentielle est comblée, en cas de décès du titulaire, forme un frappant contraste avec les longs délais que nécessite, dans les conditions ordinaires, l’élection du premier magistrat des Etats-Unis. Le lecteur qui a bien voulu nous suivre dans un précédent article à travers les multiples étapes d’une de ces campagnes électorales[1] a pu se rendre compte de l’impossibilité matérielle où seraient les partis de renouveler, à de plus courts intervalles, des efforts si prolongés et si coûteux. C’est à cette pensée et au désir d’épargner au pays une agitation stérile qu’ont obéi sans aucun doute les fondateurs de la Constitution en tranchant par avance au profit du vice-président, la question de la succession présidentielle. Le Congrès a jugé utile en 1886 de compléter ces sages dispositions par des prescriptions nouvelles qui élargissent singulièrement le champ de ces prévisions. Pour parer aux conséquences d’une double catastrophe qui priverait successivement la République des deux chefs auxquels est dévolue par droit électif la mission de diriger ses destinées, il a été décidé que, si un vice-président investi des fonctions présidentielles venait à son tour à mourir avant l’expiration de son terme légal, il serait remplacé à la Maison Blanche par un des ministres en exercice.

Cette loi qui n’a pas encore trouvé son application, mais qui conserve toute son efficacité, règle comme suit l’ordre de préséance dans lequel cette succession écherrait à ceux qu’elle concerne :

1° Le ministre des Affaires étrangères (Secretary of State) ;
2° Le ministre des Finances (Secretary of the Treasury) ;
3° Le ministre de la Guerre (Secretary of IWar) ;
4° Le ministre de la Justice (Attorney General) ;
5° Le ministre des Postes (Postmaster General) ;
6° Le ministre de la Marine (Secretary of the Navy) ;
7° Le ministre de l’Intérieur (Secretary of the Interior) ;
8° Le ministre de l’Agriculture (Secretary of Agriculture) ;

Notons en passant que les ministres susceptibles d’être ainsi appelés à la présidence de la République ne tiennent leur mandat gouvernemental d’aucun suffrage électoral, ni direct ni

  1. Voyez, dans la Revue du 1er octobre 1900, Une Campagne présidentielle aux Etats-Unis.