jusqu’à la découverte de Dufay ; on s’en contenta encore longtemps après. Franklin, pour expliquer le fonctionnement de la bouteille de Leyde, n’eut recours qu’à un seul fluide, dont les particules se repoussent mutuellement tandis qu’elles attirent celles de la matière. La quantité de ce fluide est susceptible de varier en plus (électrisation positive) ou en moins (électrisation négative) de part et d’autre d’une charge moyenne normale. La supposition est certainement plus raisonnable que celle qui consiste à admettre deux fluides contraires se neutralisant pour produire l’électricité neutre à laquelle on n’est en mesure d’assigner aucune propriété réelle.
C’est pourtant ce système défectueux des deux fluides, qui a prévalu, après 1759, sous l’influence du physicien anglais Symmer. Toutefois, la doctrine de B. Franklin n’a jamais disparu complètement ; quelques physiciens, et notamment Berlin en 1867, ont essayé de la faire revivre en la modifiant sur quelques points de détail. Plus récemment, on l’a complétée en lui adjoignant une hypothèse relative à l’action de la matière, et on a constitué ainsi, avec un seul fluide électrique, une théorie qui rend aussi facilement compte des faits élémentaires que celle de Symmer, et qui offre, par surcroît, l’avantage de réunir dans une formule unique les lois fondamentales de l’électrostatique et de la gravitation universelle.
Ces considérations ne devaient pas rester sans conséquence au point de vue de l’unification finale des facteurs physiques. Si, en effet, il ne subsistait plus qu’un seul agent impondérable, qu’un seul fluide électrique, à côté de l’éther indispensable à l’explication des phénomènes lumineux, la question devait se poser, et elle s’est posée, en effet, de savoir si ces deux agens, à leur tour, ne pourraient pas être ramenés à un seul, c’est-à-dire à l’éther. Une telle unité majestueuse du monde physique avait souvent séduit l’imagination des physiciens. Mais rien ne la justifiait. Maintenant, au contraire, au lieu d’être un rêve aventuré, elle apparaissait comme une réalité prochaine. Tous les phénomènes allaient pouvoir se ramener aux diverses modalités d’un milieu unique, l’éther universel.
Cette chimère est, en effet, devenue une vérité, de nos jours.
L’idée que le fluide subtil qui est la cause des phénomènes lumineux pourrait être, en même temps, le véhicule des actions électriques, s’était présentée, paraît-il, à l’esprit d’Ampère. Mais,