Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 5.djvu/661

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

c’est à un autre physicien-mathématicien de génie, Maxwell, que revient l’honneur de l’avoir établie. Il fut le premier à deviner la nature précise des relations qui existent entre les phénomènes optiques et les phénomènes électriques.

On ne doutait pas qu’il n’y eût certains rapports intimes entre les deux ordres de faits naturels. La découverte, en 1845, par Faraday, de l’action de l’aimant électrique qui est capable de faire tourner le plan de polarisation d’un rayon lumineux, avait transformé en certitude le soupçon qui avait hanté les esprits jusqu’alors. Mais de quelle espèce étaient ces rapports, de la lumière à l’électro-magnétisme, c’est-à-dire, en définitive, à l’électricité ? C’est ce que nous ignorerions sans doute encore, si le génie de Maxwell ne les avait établis nettement, dès 1864.

Se fondant sur les faits et les lois connues de l’électro-dynamique convenablement interprétés, Maxwell fit découler mathématiquement la théorie des ondes lumineuses de celle des courans électriques. Il en vint à assimiler l’onde lumineuse qui chemine dans le milieu éthéré à une suite de courans alternatifs, se succédant avec la rapidité déjà attribuée aux radiations lumineuses. Cette onde serait une suite de déformations électriques des molécules d’éther, au lieu d’être une suite de simples excursions de ces molécules, comme on l’admettait jusqu’ici dans la théorie ondulatoire cinétique. Les déformations, — appelées par le physicien anglais courans de déplacemens, — caractérisent, au point de vue physique, l’état d’un milieu traversé par des courans électriques alternatifs. Ces alternances fréquentes induisent, conformément aux lois de l’électro-dynamique, d’autres courans alternatifs similaires dans les parties de l’éther voisines des premières, — et c’est ainsi, par ce mécanisme de l’induction, que se ferait de proche en proche la propagation des ondes lumineuses.

C’est de ces données que Maxwell a déduit son système d’équations générales ; formules qui, en effet, sont plus générales, que les idées même qu’elles traduisent, et qui ont été, aussi bien sinon mieux même que celles-ci, consacrées par l’expérience. Toutefois, cette confirmation expérimentale ne leur vint pas tout de suite. Il fallut l’attendre vingt-cinq ans. Ce furent les célèbres recherches de Hertz, en 1887, qui la lui apportèrent. Elle fut éclatante.

Il résulte de là que l’on possède aujourd’hui, en définitive, deux théories de la lumière, après qu’on fut resté fort longtemps