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LE PAYSAN POÈTE
DE LA SOUABE

I
LA MÉTEMPSYCOSE EN ALLEMAGNE

Il y a quelques mois, j’eus l’occasion de traverser Heidelberg, où je vais cultiver parfois de précieux souvenirs intellectuels, et je rendis visite à un ancien camarade de l’Université, aujourd’hui « privat-docent » fort apprécié de ses collègues et de ses auditeurs. On fera de lui au premier jour un professeur « extraordinaire, » en attendant la chaire « ordinaire, » et tous les honneurs de la carrière savante, Hofrat, Geheimrat, couronnés sans doute par la distinction suprême du titre d’Excellence. Cette Excellence en herbe n’a pourtant rien du pédant à lunettes que le seul nom de sa profession évoque infailliblement dans l’esprit de mes compatriotes. C’est un jeune homme très moderne : fils d’un riche banquier de Cologne, il a préféré, au grand désespoir de sa famille, l’atmosphère des bibliothèques à celle des bureaux d’affaires ; assez cosmopolite d’ailleurs par ses origines, il fait aussi bonne figure dans une battue de lièvres « au chaudron » que sur le terrain accidenté d’un golf, et dans l’intimité d’un salon parisien où l’on cause qu’à la soirée d’apparat offerte annuellement par le Rector magnificus de la Ruperta-Carola.