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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 5.djvu/906

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gares. Quels sont les paysans en France qui savent qu’on peut trouver en Algérie des occasions d’acquérir des domaines de 30 à 100 hectares de terres fertiles, pour des sommes de 2 000 à 10 000 francs payables à terme ? Une agence officielle de renseignemens devrait être organisée de manière à pouvoir nous apprendre, en un moment, ce qu’a besoin de savoir le futur colon, pour organiser son départ et pour faire ses débuts sur la terre algérienne. Des notices devraient être répandues à profusion, où les avantages et les conditions d’un établissement en Algérie seraient exposés avec précision, avec détails, avec vérité. Le plus possible aussi, on devrait, dans la vente des terres, donner la préférence aux ventes de gré à gré plutôt qu’à la vente par adjudication, cette dernière étant une manière d’écarter les métropolitains qui ne peuvent faire un voyage onéreux pour courir le risque de voir les enchères leur échapper. Et qu’on ne vienne pas dire de prime abord que ces moyens seront insuffisans pour attirer les gens de France en Algérie ; l’exemple de la Tunisie est là qui nous prouve le contraire ; cette dernière fait de la publicité et vend ses terres, et elle attire annuellement autant d’immigrans, à elle seule, et dans un territoire trois fois moins étendu, que toute l’Algérie, avec son régime des ventes sans publicité et son régime de concessions gratuites réunis.


VII. — L’AVENIR DE LA COLONISATION

Il est d’ailleurs une série d’autres moyens de favoriser la colonisation libre autrement efficaces que de lui faciliter l’accession aux ventes des terrains domaniaux, c’est de donner tout d’abord à l’Algérie l’outillage économique qui est indispensable à son développement. La création de routes, la construction de voies ferrées, des travaux d’hydraulique agricole, l’assainissement de certaines zones, l’amélioration des ports devront être réalisés. La régularisation du régime des eaux, qui, dans un pays à la fois très sec et très accidenté comme l’Algérie, dépend en grande partie de l’état et de la position des boisemens, ne s’impose pas moins ; de même aussi la conservation et sur un certain nombre de points déterminés la reconstitution des forêts, dont l’existence est si propice à la formation et au débit régulier des sources et à l’emmagasinement naturel des eaux pluviales. On s’est assez peu occupé jusqu’ici de ces améliorations, l’attention s’étant