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accroissement de la population coïncide une augmentation des surfaces cultivables, ou tout au moins du rendement du sol. Il y a lieu de rechercher dès maintenant dans quelle proportion les 2 300 000 hectares de terres ensemencées en céréales, qui font vivre 4 millions d’indigènes, pourront être accrus aux dépens des broussailles et des terres restées incultes à ce jour. Il faudra aussi s’occuper de l’amélioration des rendemens. Les procédés des indigènes sont d’une simplicité enfantine. Point d’assole-mens ; chaque année, ils labourent une petite partie de terrain, le reste demeure en jachère ; pour amender le sol, ils ne savent que brûler des herbes et des broussailles ; ils ne font pas usage d’engrais. Tous, cultivant d’une façon primitive, ont des champs appauvris où l’effet des intempéries influe sur le rendement des récoltes infiniment plus que dans les champs fumés bien préparés. Aussi le rendement moyen annuel des terres ensemencées se ressent-il de cette manière de cultiver et leurs récoltes sont-elles d’un tiers environ au-dessous de celles des colons. Beaucoup d’ignorance et de routine, une certaine nonchalance résignée, voilà ce qu’on trouve chez presque tous. Notre devoir est de leur enseigner à améliorer leurs procédés culturaux et à obtenir du sol le même rendement qu’en tirent les Européens. Nous devons être leurs éducateurs, associer notre initiative à la docilité des cultivateurs indigènes. De cette association sortira certainement une collaboration qui sera féconde. Grâce à l’ensemble de ces mesures, la crise actuelle sera combattue, et pourra être résolue pacifiquement la question de la possession de la terre, qui a mis aux prises colons et indigènes, colons et étrangers, administrateurs et administrés, qui a dominé dans le passé toute l’histoire de la colonisation algérienne, et qui reste la grande préoccupation de l’avenir.


ROUIRE