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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 6.djvu/192

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partout ! Hier soir le baromètre a commencé à baisser et le soleil s’est couché dans une panne livide, bordée de pourpre sombre, violacée… Aujourd’hui tout est gris, brouillé, venteux et « crachineux ». Heureusement encore que la brise, assez fraîche, vient de la terre, de sorte « qu’il n’y a pas de mer, » comme disent les marins, mais cependant un assez fort clapotis qui suffirait à gêner, surtout du côté du Snow, le transbordement des Souverains, du Standart sur le Cassini.

Entre temps on continue à changer de mouillage, ce qui est long ; et on le regretterait à cause de l’astiquage, de la peinture, si la pluie permettait d’en faire. Mais, de ce côté-là, c’est fini ! On nous prendra comme nous sommes, et nous sommes propres, sinon bien reluisans.

Ce soir le temps est tout à fait gâté. L’amiral prévient qu’il n’ira pas au bal que la municipalité donne à l’hôtel de ville, si flambant neuf. Ça va mal…


18 septembre, 5 h. 30 du matin. — Nous y sommes, à ce grand jour !… Et ce grand jour est un jour sombre, froid, aigre, où la brise du nord-ouest pousse violemment sur la terre de grosses nuées grises qui vont obscurcir l’aube, du côté de Ni eu-port et de Fumes. La mer est faite, et sur ce point le mal est sans remède. Le programme subira des modifications.

L’alignement de nos deux rangées de cuirassés, encore troublé cette nuit par les caprices de la mer et des courans, laisserait un peu à désirer pour les puristes ; mais enfin ça n’est pas mal. et puis, à quoi bon y retoucher ? Le Standart, le Cassini, les vapeurs qui les suivent pourront-ils circuler ?… Le Cassini pourra-t-il même sortir ?…

Cependant, à bord du Fontenoy, le programme particulier tracé par le « cahier de service » s’exécute ponctuellement : à 4 h. 30, on a fait lever, déjeuner et changer en tenue de jour les hommes qui doivent hisser le grand pavois à 5 h. 30 exactement, lever du soleil. Le reste de l’équipage, réveillé à 4 h. 50 seulement (20 minutes de rabiot, c’est insignifiant, vous semble-t-il ?… ce n’est pas l’avis du compère mathurin), est tout prêt en tenue no 1, à 5 h. 45, et, entre temps, donne un petit coup à l’astiquage… La pluie a cessé, Dieu merci ! mais c’est tout ce que nous avons gagné sur hier.

6 h. 30. Allons, il faut le reconnaître, le temps s’améliore