inégales, dont la moins étendue se trouve au nord. De ce côté, elle longe une terrasse spacieuse, à laquelle donne accès un bel escalier à sept degrés. De là, on pénétrait sous un vaste portique, mesurant une largeur de trois insulæ. C’était, comme nous l’apprend une inscription, la « stoa sacrée, » fermée au commerce, réservée à la vie politique, administrative et religieuse. Aux deux extrémités, les murs étaient couverts d’inscriptions, décrets, actes officiels de toute nature, qui racontent l’histoire de la cité, particulièrement au temps où la politique romaine commence à intervenir dans les affaires de la Grèce. Les chambres qui s’ouvrent au fond du portique paraissent avoir été les bureaux des magistrats, des fonctionnaires préposés à la garde des archives publiques, des agens chargés de veiller au bon ordre de l’agora. Là, sans doute, siégeaient le stéphanophore, premier magistrat de la ville, le greffier du Sénat et du peuple, les agoranomes, en un mot tous ceux qui avaient leur place dans la hiérarchie administrative.
A l’extrémité orientale de la « stoa sacrée, » s’ouvrent deux édifices, qui sont évidemment affectés, eux aussi, à la vie politique. Le plus éloigné du portique, celui qui, par conséquent, se trouve le plus à l’est, peut être identifié sans difficulté : c’est le Prytanée, où se dressait l’autel de la cité, où l’on recevait solennellement les hôtes de marque. Il a été, par malheur, fort remanié à l’époque romaine, et ne nous donne qu’une idée incomplète d’un Prytanée grec. Au contraire, l’édifice voisin, dont l’état de conservation est remarquable, ménage une véritable surprise. La porte franchie, on se trouve dans une salle disposée pour les séances d’une assemblée délibérante. Mais laquelle ? Est-ce l’assemblée du peuple, et sommes-nous à l’Ecclesia ? Est-ce le Sénat, et sommes-nous au Bouleutérion ? Aucun indice certain n’est encore venu apporter une solution décisive ; mais, à coup sûr, on n’a le choix qu’entre ces deux hypothèses, si l’on n’admet pas, ce qui est pourtant fort possible, que la salle eût une double destination. Nous pouvons donc, pour la première fois, contempler, à peu près intacte, une de ces salles où, devant un auditoire de citoyens, les orateurs déroulaient les harmonieuses périodes de l’éloquence hellénique, et nous n’avons à faire aucun effort d’imagination pour en restituer l’aspect et l’aménagement ; il suffit de regarder.
Tout, ici, porte bien la marque grecque : emploi de matériaux