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efficacement secondée, il est vrai, par l’action et les encouragemens du gouvernement espagnol ainsi que des gouvernemens de l’Amérique latine. Le Congrès de Madrid, de même que ce qui avait été fait précédemment dans le même sens, a été l’œuvre de l’Union ibéro-américaine, à laquelle il sera juste d’attribuer le principal mérite du rapprochement hispano-américain, si les espérances qu’ont fait naître ses premières tentatives viennent à se réaliser. Cette intéressante société, qui a son siège à Madrid, dans la rue d’Alcala, et qui a été reconnue d’utilité publique par un décret royal du 18 juin 1890, s’est donné pour tâche et pour raison d’être de travailler par tous les moyens à ce rapprochement.

C’est pourquoi M. Silvela, dans l’exposé qu’il a présenté à la Reine-Régente, le 16 avril 1900, pour lui recommander la signature d’un décret plaçant le Congrès hispano-américain de Madrid sous le patronage du gouvernement, a pu dire « que l’Union ibéro-américaine avait été créée pour resserrer en tout temps les rapports de l’Espagne avec les peuples américains d’origine ibérique ; qu’elle avait été la première à se constituer dans le pays, s’inspirant de raisons pratiques en vue d’un but social élevé ; et qu’elle avait été aussi l’instigatrice du glorieux centenaire de la découverte de l’Amérique… » L’Union, qui a pour président M. Faustino Rodriguez San Pedro, et pour secrétaire M. Pando y Valle, ne se borne pas à organiser des Congrès ; elle publie régulièrement, deux fois par mois, une revue qui s’appelle elle-même l’Union ibéro-américaine, et qui a pour but de condenser toutes les études ayant trait aux rapports de l’Espagne avec l’Amérique latine.


Il va sans dire que ce n’est pas par pur idéalisme que les Espagnols cherchent à se rapprocher, dans l’ordre économique et social, de leurs anciennes colonies américaines, bien qu’il soit incontestable que le sentiment a sa part dans le mouvement auquel nous assistons.

M. Charles Benoist, parlant ici même de la ténacité remarquable que l’Espagne mettait à défendre les débris de ses possessions d’Amérique, s’exprimait de la manière suivante :

… Or immédiat, et réel, et visible à tous est bien l’intérêt espagnol que met en jeu l’insurrection cubaine ; ici viennent peser de tout leur poids une raison géographique et une raison économique, lesquelles s’ajoutent l’une à l’autre et font, en somme, une même raison.