Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 6.djvu/434

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prochainement, dans les relations internationales de ces pays européens et américains, une nouvelle et troisième phase, qui consisterait dans un rapprochement assez étroit, sans qu’il puisse être question du rétablissement des anciens liens politiques ? On pourrait le croire, surtout, en ce qui concerne l’Espagne et l’Amérique latine. On a vu se manifester presque simultanément, en Angleterre et en Espagne, une tendance à créer des rapports plus étroits entre la métropole et ses anciennes colonies. En Angleterre, la campagne a été menée avec quelque ostentation par M. Chamberlain et ses disciples, le but poursuivi n’étant autre que la conclusion d’une « alliance anglo-saxonne » qui aurait dominé le monde. En Espagne, on a procédé beaucoup plus modestement, sans parler d’alliance ni de domination universelle, mais simplement d’un rapprochement dans le domaine social et économique. Or, tandis que l’agitation bruyante en faveur de l’ « alliance anglo-saxonne » a échoué, parce que les Américains se sont tenus sur une grande réserve, la propagande hispano-américaine a déjà produit un résultat visible, d’où pourront en découler d’autres : à savoir la réunion du « Congrès social et économique hispano-américain, » qui a siégé à Madrid au mois de novembre 1900, et dont la mission était de rechercher les bases d’un rapprochement entre l’Espagne et ses anciennes colonies de l’Amérique latine. C’est uniquement de ce mouvement hispano-latino-américain qu’il sera parlé dans le présent article. La politique américaine des Etats-Unis rend cette question particulièrement intéressante. En effet, tandis que l’Espagne cherche à attirer à soi l’Amérique latine, les Etats-Unis procèdent exactement de même au nom de la doctrine de Monroë. Autrement dit, le pan-américanisme se dresse devant l’hispano-américanisme, en sorte qu’on ne saurait ne pas suivre avec curiosité cette lutte engagée, en vue de la prépondérance dans l’Amérique latine, entre deux champions aussi inégaux que les Etats-Unis et l’Espagne.


I

Tandis que l’agitation en faveur de l’ « alliance anglo-saxonne » était partie des sphères officielles d’Angleterre, le caractère particulier de la propagande hispano-américaine consiste en ce qu’elle a été organisée par l’initiative privée, très