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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 novembre.


Le conflit franco-turc s’est dénoué, comme il devait le faire, par une pleine soumission du Sultan et de la Porte aux conditions que le gouvernement de la République leur a imposées. Nous avons dû, pour obtenir ce résultat, envoyer à Mitylène une division de notre escadre de la Méditerranée : il faut souhaiter que la Porte ne nous mette pas trop souvent dans l’obligation d’user envers elle de pareils procédés. Elle sait aujourd’hui à quoi elle s’exposerait, si elle montrait de nouveau envers nous la malveillance agressive qu’elle s’est permise dans ces derniers temps. Son attitude à l’égard des puissances européennes : était devenue presque insolente : s’il plaît à d’autres de la supporter, cela ne convient pas à la France. Non pas que la France soit animée d’aucun mauvais sentiment contre l’Empire ottoman : elle lui a témoigné au contraire, et à maintes reprises, le désir de vivre en bonne intelligence avec lui ; elle a toujours ménagé ses intérêts et contribué quelquefois d’une manière particulièrement efficace au maintien de son intégrité territoriale. Mais de pareils services comportent, ou plutôt exigent quelque réciprocité. Le Sultan, trop oublieux de la situation où il était hier et où il peut se retrouver demain, nous a fait des promesses, et ne les a pas tenues.

L’heure est venue où notre patience, mise à une trop longue épreuve, a brusquement pris fin. Nous avions attendu assez longtemps, trop longtemps même. Quand on part de Constantinople comme était parti notre ambassadeur, en faisant claquer la porte, ce doit être pour rentrer aussitôt avec effraction. On peut contester l’opportunité du départ de M. Constans au moment et dans les conditions où il s’est produit ; mais, le fait une fois accompli, il