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mais, manquant d’acide phosphorique, ils étaient de ce fait infertiles.

L’emploi d’amendemens calcaires dans les terres acides, où se sont accumulées les matières végétales, et où les plantes cultivées ne sauraient prospérer, transforme l’azote en produits assimilables et permet d’obtenir d’abondantes récoltes.

De même encore, les chaulages et les marnages pratiqués dans des terres fortes et imperméables, dont le travail est presque impossible, en amènent l’ameublissement.

Les exemples sont très nombreux des modifications heureuses apportées par un emploi judicieux de telles ou telles matières fertilisantes.

Telles sont les considérations qui s’appliquent aux pays à civilisation agricole avancée, comme ceux de l’Europe.

Mais, dans les pays neufs, qui sont éloignés des centres d’approvisionnement de matières fertilisantes, où les moyens de communication sont peu développés et les transports coûteux, on doit surtout compter sur la richesse naturelle du sol et abandonner les surfaces où celle-ci n’est pas suffisante par elle-même. Tout au plus, pour les améliorer, peut-on utiliser quelques ressources locales, quand elles sont à portée, telles que la chaux des roches calcaires, les marnes, etc., mais qu’on ne saurait employer à une certaine distance des lieux de production.

La terre doit encore être envisagée au point de vue de sa nature physique, et principalement de sa manière de se comporter au contact des eaux pluviales.

Ainsi, les terres fortes contenant beaucoup d’élémens fins se prennent en une pâte liante, quand elles sont mouillées ; elles adhèrent fortement aux instrumens de labour, s’égouttent lentement et gardent l’eau par suite de leur imperméabilité ; elles se ravinent par les pluies, surtout quand les pentes sont fortes ; d’autre part, la dessiccation les transforme en masses très dures, qui ne se laissent pas entamer par les instrumens. Même si de pareilles terres contiennent en notable proportion des principes fertilisans, elles sont peu propres à être cultivées.

Les terres légères, douées de perméabilité, se travaillent plus facilement, mais elles n’ont souvent qu’une faible réserve d’élémens nutritifs ; elles se dessèchent, d’ailleurs, rapidement et n’offrent plus alors à la plante l’eau de végétation dont elle a besoin.