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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 6.djvu/700

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très variable avec les circonstances de la production. Elle peut être de 200 kilomètres à la seconde, ce qui est une limite inférieure — et atteindre 30 000 kilomètres, ce qui semble être une limite supérieure. Cette dernière est seulement six fois moindre que la vitesse de la lumière.

Nous ne pouvons qu’indiquer à peine les principes d’après lesquels le calcul a été fait. Il est fondé sur la mesure expérimentale de la déviation magnétique exercée par un aimant connu et de la déviation électrique provoquée par un courant électrique d’intensité également connue. Il est bien clair que ces déviations dépendent de la vitesse et de la masse des projectiles cathodiques. Il est évident, en effet, que l’aimant ou le courant dévieront davantage le rayon cathodique s’il est lancé avec une faible vitesse et moins si la vitesse est grande.

On peut d’ailleurs atténuer cette vitesse pour donner aux mesures plus de précision. Lenard a employé à cet effet, non plus les rayons engendrés par l’ampoule de Crookes, mais ceux dont l’existence a été révélée par Gustave Le Bon et qui résultent de l’action de la lumière sur les métaux.

La vitesse du rayon cathodique est prodigieuse, et pourrait avoir des effets mécaniques passant l’imagination, si, par compensation, la masse du projectile n’était infiniment faible et si le projectile, lui-même, était autre chose qu’un fragment d’atome. M. Jean Perrin s’est amusé à calculer l’un des effets, l’effet calorifique que produirait le choc d’une proportion appréciable de ces projectiles. La quantité de chaleur que mettrait en liberté un kilogramme de cette matière si un obstacle l’arrêtait brusquement dans sa course, serait capable de porter instantanément à l’ébullition l’eau d’un lac de 1 000 hectares d’étendue et de 5 mètres de profondeur.

La mesure de la vitesse cathodique apporte un dernier argument en faveur de la théorie balistique ou matérialiste. Si le rayonnement cathodique était l’effet d’un mode de vibration quelconque de l’éther, au lieu d’être une projection de matière, on ne concevrait pas facilement qu’un tel ébranlement se propageât avec une vitesse variable à partir de 200 kilomètres, alors que le même milieu transmet l’ébranlement-lumière avec une vitesse uniforme de 300 000 kilomètres. De quelque côté que l’on envisage la question, l’avantage reste donc toujours à la doctrine de la projection matérielle. Dans cette querelle que notre temps a