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évident qu’il s’en forme aussitôt que le rayon lumineux change de direction, qu’il se réfléchit ou qu’il se réfracte. On ne pourrait les négliger qu’à la condition de regarder l’éther comme rigoureusement incompressible. Quelques physiciens déclarent qu’il l’est, et en effet si l’on veut rester sur le terrain expérimental, il suffit de remarquer que la composante longitudinale est négligeable par sa petitesse. Cela est vrai tant que l’on prend le parti d’ignorer tout phénomène quelconque qui pourrait accompagner les phénomènes lumineux. Alors en effet, en ne tenant pas compte de la vibration longitudinale, on trouve encore, comme l’on sait, un accord satisfaisant entre la théorie et l’expérience. Il est possible que le rayon de Röntgen soit dû à cette vibration longitudinale probable ; mais il reste à le prouver et c’est ce que l’on n’a pas encore fait. La démonstration essayée par Jaumann a été réfutée par M. H. Poincaré.


A défaut de ces explications, il y en a une troisième qui consiste à dire, avec A. Schuster, que la vibration de l’éther qui produirait la radiation de Röntgen, ne serait pas régulièrement périodique. La périodicité étant la condition de l’interférence, on se débarrasse ainsi d’une objection gênante.


D’autre part, les explications fondées sur le système de l’émission matérielle sont tout aussi problématiques. M. Jean Perrin admet que le rayonnement de Röntgen est dû à la vibration des corpuscules atomiques, et elle leur viendrait de leur choc violent contre les molécules matérielles. Cette hypothèse aurait l’avantage de rendre compte des circonstances de sa production. En fin de compte, on sait peu de chose de positif sur la nature de cet agent physique, qui, comme le dit M. Bouty, est demeurée très mystérieuse, malgré les efforts réunis de tout le monde savant.


A. DASTRE.