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un petit dîner intime. Mais je n’étais que trop sûre de trouver chez vous agréable compagnie. Quel dommage !

Livingstone s’excusa en lui montrant la longue table garnie d’une douzaine de couverts.

– Quel dommage ! répéta Mme Wright. D’abord, je l’avoue, je voulais vous chercher querelle. N’aviez-vous pas rogné le Noël de l’hôpital sur la liste des impôts que vous me devez ! Mais, ce matin, j’ai fait ma ronde et je crois avoir découvert vos raisons. Elles sont bonnes. Vous rentrez en grâce. Cette petite fille est un amour, reprit-elle en embrassant Kitty.

Des présentations s’ensuivirent. Après avoir nommé Clarke, qui de plus en plus crut à un rêve, Livingstone ajouta simplement : – Mon associé.

Je ne savais pas que vous en eussiez un, fit observer Mme Wright.

– C’est récent en effet, répondit-il. Santa Claus m’a enseigné les avantages de l’association. – Vous viendrez après dîner, du moins, reprit Mrs Walker, et je crois que vous ne le regretterez pas.

Il promit, sachant que ses invités se retireraient de bonne heure et, en effet, tout égayé encore par l’énorme succès qu’avait eu son repas de Noël, s’en alla terminer chez les Wright cette bienheureuse journée. Il devait jusqu’au bout marcher de merveille en merveille.

A peine entré dans un salon où chacun semblait le regarder avec une sympathie nouvelle et singulière, on le conduisit vers une dame vêtue de noir, une femme aux yeux profonds, au sourire calme.

– Une vieille amie à vous, dit Mme Wright. – Et elle reprit : – Mme Shepherd.

Mais Livingstone n’entendit pas le nom, car le visage qui lui souriait était bien le visage si longtemps adoré de Catherine Trelane.

– Oui, déclarait Mme Wright, continuant une histoire qu’elle venait de raconter, il a acheté pour les eufans de notre hôpital une boutique de joujoux tout entière. Quant à moi, cela ne m’étonne nullement ; j’ai toujours eu foi en lui, malgré les apparences.

Et, comme Livingstone se défendait : – Ne niez pas, j’ai des preuves ! – Puis, imitant à s’y méprendre