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LE PAYSAN POÈTE
DE LA SOUABE

III[1]
LES EXCÈS DU NÉO-BOUDDHISME


I

Puisque nous allons avoir maintenant à critiquer certains excès du mysticisme de Wagner, excès qui transparaissent déjà dans la ballade du bramine, arrêtons-nous encore un instant pour rendre justice à la noblesse d’une doctrine dont l’apôtre se proclame, à bon droit, fort par la conscience « de n’avoir pas créé de souffrance, et, tout au contraire d’avoir diminué la souffrance autour de lui. » On assure en effet qu’il a su mettre ses actes en accord avec ses préceptes : que si, dans sa première jeunesse, il a commis la faute d’entreprendre une collection de papillons, cette cruauté inutile a été bien rachetée depuis lors par les soins prodigués de sa main à tout ce qui respire, aux petits oiseaux affamés durant l’hiver, et surtout à ses animaux domestiques. Son historien rapporte qu’il forma de bonne heure la résolution de ne jamais vendre au boucher une pièce de bétail, préférant choisir, parmi les acheteurs, ceux qui destinaient l’animal à la reproduction. Or, sur ce point déjà, nous touchons à l’excès dans les conséquences pratiques de la doctrine : car, si Wagner, en vendant ses élèves assez jeunes pour qu’ils fussent

  1. Voyez la Revue des 15 octobre et 15 novembre 1901.